Est-ce que l’islam interdit le suicide ?

Question posée par Fahmi Karmous, Aubervilliers, France

Publié le 13 janvier 2004 Lecture : 1 minute.

La réponse de la charia, aujourd’hui, peut tenir en deux mots : l’opinion qui a prévalu, et qui fait actuellement autorité à l’unanimité des oulémas, est que le suicidé, quelles que soient les motivations et les circonstances de son suicide, encourt la damnation éternelle et est privé de la prière des morts. Son cas est pire que celui d’un criminel. Telle est la pratique aujourd’hui dans tous les pays d’Islam.
La question est cependant controversée. Citant Mâlik, Sahnûn écrit : « Mâlik dit : « On prie sur celui qui se suicide, il porte seul son péché [‘ithmuhu], et on lui doit le même traitement que l’ensemble des musulmans. » On lui posa la question à propos d’une femme qui s’était étranglée, Mâlik répondit : « Faites la prière sur elle, et elle porte seule son péché. » » Ibn Wahb (m. 812) rapporte que ‘Atâ’ b. Abî Rabâh (647-732) est de même opinion. Sahnûn rapporte d’après ‘Alî b. Ziyâd, d’après Sufyân, d’après ‘Abd Allâh b. ‘Awn, d’après Ibrâhîm al-Nakha’î (666-815), qu’il est conforme à la Sunna de prier sur le suicidé » (in Sahnûn, Mudawwana, Éd. du Caire, 1323 h., vol. 1, p. 177).
Le texte coranique qui pourrait éventuellement être cité pour condamner le suicide est le suivant : « Ne vous tuez pas [Lâ taqtulû anfusakum]. Dieu en effet est miséricordieux envers vous. » (Coran, IV:29). Mais tous les commentateurs du Coran ont donné à l’expression : « Lâ taqtulû anfusakum » le sens de : « Ne vous entre-tuez pas ».
Notre opinion est que l’islam désapprouve le suicide ; mais il ne l’interdit pas formellement, et celui qui se suicide n’encourt pas forcément la damnation éternelle. Il a droit à la prière des morts, et la porte de la Miséricorde lui reste ouverte comme à tout autre musulman.

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