Éditer en Afrique

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Deux chiffres pour situer l’ampleur du problème : en Afrique, 90 % des livres en vente sont importés des pays du Nord. Et, alors que la France affiche en 2003 un catalogue de 450 000 livres disponibles, une vingtaine de pays africains francophones (au sud du Sahara et dans l’océan Indien) peinent à proposer un total de 2 000 titres. Faut-il se désespérer de cette situation ou chercher à tout prix des signes d’espoir ? L’imposant dossier réuni dans le dernier numéro de la revue Africultures permet à chacun de se faire une opinion.
Ce n’est qu’au début des années 1990 qu’ont commencé à apparaître des structures privées d’édition. La plupart sont encore des micro-entreprises. Celles qui ont plus d’envergure sont des filiales de sociétés françaises. C’est notamment le cas des deux grosses maisons abidjanaises, les NEI (Nouvelles Éditions ivoiriennes) et le CEDA (Centre d’édition et de diffusion africaines), contrôlées l’une par Hachette, l’autre par Hatier (aujourd’hui réunies au sein du même groupe…). Ces deux entreprises, au demeurant, fondent leur prospérité sur le scolaire : celui-ci représente entre 75 % et 90 % du marché global du livre en Afrique.
Or le livre scolaire, notamment parce qu’il nécessite de gros investissements éditoriaux, reste la chasse gardée des gros groupes étrangers. Reste, pour les petits éditeurs, la littérature générale, ce qui n’est pas une sinécure. Entre l’invasion du marché par les ouvrages importés – bénéficiant souvent de détaxes alors que le papier, lui, reste lourdement taxé -, l’absence de politiques nationales du livre, l’inexistence des structures de distribution, sans compter les dons qui désorganisent les marchés (à l’instar de l’aide alimentaire), les obstacles peuvent paraître rédhibitoires.
Et pourtant, comme le montre le dossier d’Africultures, les éditeurs cherchent des solutions originales. Les coéditions, notamment, se développent, avec des maisons du Nord comme entre maisons du Sud. Alors que, parallèlement, des romanciers consacrés sur le plan international choisissent, comme le Sénégalais Boubacar Boris Diop, de travailler dans leur langue maternelle (le wolof, en l’occurrence).

« Où va le livre en Afrique ? » Africultures, n° 57, 240 pp., 19,80 euros. Pour en savoir plus : www.africultures.com

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