Ariel Sharon entre deux feux

Publié le 12 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Les temps sont durs pour Ariel Sharon, pris entre les extrémistes de son propre parti et la montée de la contestation dans une opposition de gauche trop longtemps anesthésiée par l’obsession du « terrorisme ».
S’adressant le 4 janvier aux 3 000 membres du comité central du Likoud, le Premier ministre fut accueilli par des sifflets et des huées quand il confirma son intention d’évacuer certaines colonies de Cisjordanie : soit en cas de création d’un État palestinien, soit dans l’hypothèse de la « séparation unilatérale » qu’il préconise après un échec confirmé de la « feuille de route ». Du moins cette hostilité des « faucons » du Likoud lui permet-elle de se peaufiner une image de « modéré » auprès d’une opinion complaisante.
Il n’en est pas de même face aux contestataires du « camp de la paix ». Dans une « Lettre d’Israël » publiée par l’hebdomadaire américain The Nation, Jonathan Shainin décrit l’assurance tranquille avec laquelle cinq jeunes objecteurs de conscience, traduits le 4 janvier devant une cour martiale qui les condamnera à un an de prison, répliquent à l’agressivité du procureur militaire. « Je refuse, dit calmement Adam Maor, 20 ans, parce que des gens sont torturés et tués. Je refuse de prendre part aux crimes commis contre les Palestiniens. » Puis, comme le jeune homme raconte avoir vu des colons attaquer des paysans palestiniens : « Avez-vous appelé la police ? » demande le procureur, soulevant une vague d’hilarité dans la salle, peuplée de proches et d’amis des accusés.
Longtemps, rappelle Shainin, le gouvernement a préféré faire le silence sur de tels refus de servir, en permettant aux réfractaires d’échapper discrètement au service. Depuis trois ans, plus de mille jeunes Israéliens ont refusé de servir mais ces cinq, à quoi s’ajoute le jeune pacifiste Yoni Ben-Artzi, traduit séparément en justice, sont les premiers depuis vingt ans à comparaître devant une cour martiale. Leur crime : ils ont adressé au Premier ministre et au chef d’état-major une lettre ouverte pour expliquer leur geste, signée maintenant par quelque 350 conscrits.
Plus émouvant aux yeux de l’opinion publique israélienne : il s’y est ajouté, fin septembre, le refus de vingt-sept pilotes de mener des attaques contre des zones de Cisjordanie peuplées de civils. Venant de cette armée de l’air tenue pour le fleuron de Tsahal, ce geste a eu une portée spectaculaire. Et il s’est trouvé prolongé par le refus identique, en décembre, annoncé par treize réservistes du Sayeret Matkal, le plus célèbre des commandos d’Israël.
Jonathan Shainin cite alors le commentaire que lui fit le philosophe Adi Ophir : « Israël se comporte comme une société en état de coma, complètement opaque et close. Mais il y a des craquements dans cette opacité, des symptômes que quelque chose d’important est en train de se produire. Il y a longtemps que je n’avais pas vu cela ».

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