Bénin – Joël Aïvo : « Notre désaccord avec Patrice Talon est d’abord éthique et moral »
Le constitutionnaliste, dont la candidature à la présidentielle du 11 avril prochain sous les couleurs du Front pour la restauration de la démocratie a été rejetée, n’en continue pas moins de battre la campagne. Avec un objectif, convaincre Patrice Talon de suspendre le processus électoral.
Début janvier, dans son vaste bureau aux murs couverts de bibliothèques chargées de lourds ouvrages de droit, Joël Aïvo affichait un mélange de confiance et de sérénité à la perspective de la campagne électorale. Le constitutionnaliste, s’il critiquait les réformes politiques engagées au cours des deux dernières années du mandat de Patrice Talon, n’en affirmait pas moins être prêt à accepter les nouvelles règles du jeu pour se présenter face au chef de l’État à la présidentielle.
Près de quatre mois plus tard, Joël Aïvo est toujours en campagne. Un jour en meeting à Parakou, un autre en réunion avec une délégation de femmes ou de jeunes « ambassadeurs » chargés de la mobilisation… Pourtant, le 11 avril prochain, son visage ne figurera sur aucun des bulletins de vote pour le premier tour. Comme la candidature de Reckya Madougou, issue des Démocrates, le dossier du « ticket » que formait Joël Aïvo avec Moïse Kerekou pour la vice-présidence a été rejeté par la Commission électorale nationale autonome faute d’un nombre suffisant de parrainages.
Patrice Talon et sa colistière, Mariam Chabi Talata, feront alors face aux duos formés par Alassane Soumanou et Paul Hounkpè, des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), d’une part, et par Corentin Kohoué et Irénée Agossa, dissidents du parti de Thomas Boni Yayi, Les Démocrates, d’autre part.
À une semaine du scrutin, Joël Aïvo, qui conteste toujours son exclusion de la course à la magistrature suprême, n’en démord pas : Patrice Talon doit suspendre le processus électoral et organiser des élections « inclusives » auxquelles il pourrait participer. Le constitutionnaliste, qui était avec Reckya Madougou au moment où elle a été arrêtée, le 2 mars dernier, émet également des doutes sur la crédibilité des poursuites pour « financement du terrorisme » qui pèsent sur l’ancienne candidate.
La Cena a rendu une décision arbitraire, une décision politique
Jeune Afrique : Vous multipliez les rencontres et meetings malgré l’invalidation de votre candidature. Dans quel but ?
Joël Aïvo : L’objectif est clair, c’est de remobiliser notre base. Je me suis préparé à me porter candidat à la présidentielle, et j’ai été désigné par le Front pour la restauration de la démocratie pour le représenter et porter les aspirations d’une immense majorité de nos compatriotes. La Cena a rendu une décision arbitraire, une décision politique. Dès le début, le chef de l’État voulait être seul face à lui-même lors de cette élection. Mais nous avons décidé de ne pas baisser les bras. Lors de ce dialogue itinérant, nous avons répété, partout, que l’élection présidentielle, celle que les Béninois attendent, se tiendra bel et bien. Elle aura lieu lorsque Patrice Talon se rendra compte que le processus qu’il a engagé présente un risque pour lui-même. Un processus qui questionnera pour longtemps sa légitimité et sa place dans l’histoire du pays.
Ce discours ne peut-il être perçu comme une forme de menace voilée ? Un appel à perturber le processus électoral ?
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