Groupe Banques populaires, le bien nommé

Fort d’un vaste réseau d’agences et d’une solide base financière, l’établissement public chérifien entend bousculer les concurrents privés.

Publié le 12 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Dans un environnement devenu extrêmement concurrentiel, les banques marocaines continuent d’afficher un grand dynamisme. Y compris le numéro deux du secteur, le Groupe Banques populaires, essentiellement public, qui a réalisé, au premier semestre 2006, un bénéfice net de 1,014 milliard de dirhams (DH) – 90,5 millions d’euros -, soit un bond de 75,7 % par rapport au premier semestre 2005, ce qui constitue la meilleure performance de la place. Un résultat d’autant plus méritoire qu’il tient compte d’une dotation aux provisions pour des créances en souffrance de 625 millions de DH.
Témoin de l’activité sur la période, le produit net bancaire (PNB) atteint 3 milliards de DH, en hausse de 8 %, grâce notamment aux opérations de marché (+ 65,5 %). Les deux principaux concurrents affichent également d’importantes progressions de leurs PNB : + 23,3 %, à 3,34 milliards de DH pour le numéro un, Attijariwafa Bank, et + 15,9 %, à 1,73 milliard de DH pour le troisième, BMCE Bank.
S’il bénéficie d’une conjoncture favorable à l’échelle du pays, le Crédit populaire du Maroc (principale dénomination du Groupe Banques populaires) cueille aussi les fruits des profondes réformes internes menées ces dernières années. Composé de la Banque centrale populaire (BCP) et de onze Banques populaires régionales, le groupe a accordé plus d’autonomie aux entités régionales. Tenues auparavant d’envoyer leurs excédents à la BCP, elles peuvent désormais les utiliser pour financer les particuliers et les entreprises. Quant à la BCP, elle a été transformée en société anonyme, puis cotée en Bourse à partir de juillet 2004. Quelque 21 % de son capital ont été cédés aux Banques populaires régionales et les 20 % détenus par l’État ont été mis en vente via la Bourse.
Le groupe marocain compte au-?jourd’hui s’appuyer sur cette base financière renforcée pour se montrer aussi agressif que ses dynamiques concurrents du privé. S’il s’est fait souffler la première place des crédits à l’économie il y a deux ans par le nouveau champion Attijariwafa Bank, il reste le leader incontesté en termes de collecte des dépôts : + 11,4 % au premier semestre, à 103,6 milliards, soit près d’un tiers du marché. Environ 50 nouvelles agences de proximité sont d’ailleurs venues enrichir le réseau, constitué aujourd’hui de 600 entités, dont la dernière en date a été inaugurée le 5 décembre, à Salé.
Mais c’est hors des frontières du royaume que se joue l’avenir des banques marocaines. Alors que les deux établissements privés ont misé sur l’Afrique du Nord (Tunisie et Algérie notamment), mais aussi sur le Sénégal, le Mali et le Gabon, la Banque populaire a choisi, en 1990, de s’implanter en Guinée et en Centrafrique via la Banque populaire maroco-guinéenne (53,9 % BCP, 43,24 % État guinéen) et la Banque populaire maroco-centrafricaine (57,5 % BCP, 37,5 % État centrafricain, 5 % BMCE Bank). Une demande d’agrément a été déposée pour l’ouverture d’une succursale en Mauritanie.
Pour le moment, la création d’une filiale en Europe, qui est la stratégie des concurrentes privées, n’est pas à l’ordre du jour. Il est vrai que la BCP dispose déjà de neuf bureaux de représentation en Europe et au Canada. La banque publique conserve de toute façon une longueur d’avance sur le créneau des Marocains résidant à l’étranger (MRE), du fait de la présence de ses guichets dans les consulats pour le traitement des transferts d’argent. Près de 60 % des dépôts des Banques populaires proviennent ainsi des MRE, première source de devises du Maroc. Mais la concurrence n’exclut pas la coopération dans certains cas, puisque, selon Noureddine Omary, président du Groupe Banques populaires, devenu récemment vice-président de la Confédération internationale des banques populaires (CIBP), le Crédit populaire s’est entendu avec Attijariwafa Bank pour travailler, dans le domaine touristique, via la création d’un fonds d’investissement commun.

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