[Série] Assad, Sissi et Saïed : premières dames du monde arabe, femmes puissantes

Rôle protocolaire, discrétion volontaire ou pouvoir de l’ombre, Asma al-Assad, Intissar al-Sissi et Ichraf Chebil Saïed incarnent chacune une façon distincte d’appréhender le rôle – non-officiel – de Première dame. Portraits.

Série « Premières dames du monde arabe » © Ons Abid, AFP, REUTERS

Série « Premières dames du monde arabe » © Ons Abid, AFP, REUTERS

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Publié le 12 avril 2021 Lecture : 2 minutes.

À quoi pensent les puissants la nuit venue, quand il est enfin temps de poser la tête sur l’oreiller ? Une partie de la réponse à cette question qui excite les imaginations depuis toujours est détenue, entre autres, par trois femmes de présidents arabes : Asma al-Assad, Intissar al-Sissi et Ichraf Chebil Saïed. Mais elles ne la livreront probablement pas, traditions obligent, les épouses des chefs d’État arabes étant généralement plutôt discrètes, voire invisibles dans certains cas.

Mais la donne est en train de changer depuis une dizaine d’années, sur le modèle des Premières dames à l’occidentale, volontiers actives et présentes dans les médias, défendant l’idée qu’elles ne sont pas simplement des « femmes de ».

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Une évolution indéniable

Si l’évolution n’est pas partout marquée de Rabat à Abou Dhabi, elle est indéniable depuis que Rania de Jordanie, épouse du roi Abdallah, est devenue dans les années 2000 une figure du chic et du glamour dans la presse people internationale. C’est pourtant la Tunisie, qui, la première dans le monde arabe, a offert une place à l’épouse présidentielle, avec Wassila Bourguiba et, plus tard, Leïla Ben Ali.

Cette dernière avait, à force d’intrigues, fini par devenir un interlocuteur obligé pour qui souhaitait entrer dans les bonnes grâces de l’ex-président tunisien. Une tradition à laquelle ne souscrit pas Ichraf Chebil Saïed, l’épouse de Kaïs Saïed, magistrate dans le civil, qui ne semble pas vouloir prendre la lumière aux côtés de son mari et souhaite continuer à exercer sa profession — là encore une particularité dans un monde arabe qui ne prend pas toujours au sérieux l’emploi de l’épouse dans un ménage, qui plus est présidentiel.

Cultivant un style plus conservateur que celui de Suzanne Moubarak, Intissar al-Sissi n’échappe pourtant pas aux mises en cause sur son train de vie

Intissar al-Sissi, la femme du président égyptien, doit, elle, composer avec le précédent Suzanne Moubarak, incarnation du népotisme de l’ère pré-révolution. Cultivant un style moins cosmopolite et plus conservateur que sa prédécesseur, Intissar al-Sissi n’échappe pourtant pas aux mises en cause sur son train de vie et le profit qu’elle tirerait de la position de son président de mari.

C’est sans doute la Syrienne Asma al-Assad qui a le plus fait évoluer sa position. Éduquée à la britannique, peu d’observateurs donnaient cher de sa peau au milieu du sérail assadien, entre une belle-sœur qui la déteste et un clan alaouite — la confession de son époux Bachar al-Assad — qui voit d’un mauvais œil débarquer cette fille de bonne famille sunnite. Une guerre civile et un cancer plus tard, la « Première dame » syrienne, qui a dû batailler ferme pour être perçue comme telle, s’est endurcie et s’est imposée comme une figure du pouvoir syrien, loin de la « rose du désert » dépeinte au début des années 2010 par la presse occidentale.

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