Attention, fragile !

Publié le 12 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

En Mauritanie plus qu’ailleurs, les édifices les plus séduisants peuvent se révéler n’être que des châteaux de sable. Démocratiques sans nul doute, les premières élections législatives véritablement libres que vient de connaître le pays ont certes fait table rase du passé – et, par la même occasion, de ces partis dits dominants dont on voit bien qu’ils ne résistent jamais au départ de leur président-fondateur. Mais si elle a mis un terme à un monolithisme de façade, l’Assemblée surgie des urnes le 3 décembre porte en elle les germes d’un mal (presque) aussi inquiétant : l’instabilité. Deux blocs non homogènes d’importance quasi égale se font face, sans qu’aucun ne jouisse d’une véritable majorité. Le nomadisme politique et les allégeances à géométrie variable étant ce qu’ils sont en Mauritanie, le risque de division chronique est réel.

En choisissant de faire précéder l’élection présidentielle prévue en mars 2007 par des législatives, le colonel Ely Ould Mohamed Vall a voulu que la première n’interfère pas sur les secondes. Souci louable. Mais ce calendrier oblige tout candidat à la magistrature suprême à se comporter désormais en rassembleur s’il veut s’assurer une majorité. Or force est de reconnaître à la lecture des résultats qu’aucun chef de parti pris isolément ne dépasse vraiment les frontières de sa région d’origine. Reste donc aux postulants à contracter des alliances aléatoires, souvent réversibles et toujours fragiles. La culture démocratique est-elle suffisamment ancrée en Mauritanie pour jouer ainsi sans risque au jeu de la IVe République française ? Certains y croient, d’autres non.
Ces derniers, qui figurent pourtant en bonne place parmi les artisans du renversement de Maaouiya Ould Taya en août 2005, souhaitent déjà sans trop se cacher l’apparition d’un homme de consensus au-dessus des partis, et qui, de surcroît, rassure l’armée. Un homme providentiel en quelque sorte. « Hélas ! celui à qui nous pensons tous et qui serait élu dès le premier tour s’il se présentait est tenu, de par ses propres engagements répétés, de ne pas entrer en lice », soupire un proche partisan du président Vall. Tenu ? À moins que

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