Afrique première

Grands espaces, faune sauvage, peuples premiers Les éditeurs français nous offrent l’image d’un Sud-Sahara resté très près de la nature. Et ça marche

Publié le 12 décembre 2006 Lecture : 5 minutes.

L’activité du livre, en France à tout le moins, ressemble un peu à l’agriculture. Chaque changement de saison voit apparaître de nouveaux produits sur le marché. À la déferlante des romans du début de l’automne succède celle des beaux-livres à l’approche des fêtes de fin d’année. Le magazine Livres hebdo a recensé plus de 3 250 nouveautés et nouvelles éditions pour 2006, soit une production en hausse de 10 % par rapport à l’an dernier. De la peinture au sport, en passant par les vieilles voitures, les intérieurs de maisons, les voyages, l’érotisme ou encore les loisirs créatifs, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Le point commun de ces ouvrages est qu’ils sont abondamment illustrés.
Comme chaque année (voir J.A. n° 2343), le continent africain occupe, avec une bonne centaine de livres, une place non négligeable dans l’offre des éditeurs de l’Hexagone. Pour commencer, l’Égypte antique a une fois encore droit à un contingent important de titres : Les Trésors de la Vallée des rois (Mengès, 316 p., 49,95 euros), Trésors des pharaons (Larousse, 224 p., 39 euros), Kheops : les secrets de la construction de la grande pyramide (éd. du Linteau, 160 p., 46 euros), La Vie quotidienne de l’Égypte ancienne (Hachette, 240 p., 20 euros), Trésors engloutis d’Égypte (Le Seuil, 380 p., 45 euros), pour ne prendre que ces exemples.
Comme à l’accoutumée, le Maroc fait lui aussi l’objet d’une importante production. Si, du côté du patrimoine architectural, on note un Palais et médinas (éd. de Lodi, 256 p., 55 euros), c’est, cette année, l’art de vivre du royaume chérifien qui est célébré à l’envi : l’artisanat, avec Tapis berbères du Maroc : la symbolique (ACR, 344 p., 75 euros) ou Maroc : les artisans de la mémoire (Snoeck Publishers, 336 p., 49,50 euros), mais surtout la gastronomie. Quelques exemples : Maroc, dans la collection « Saveurs du bout du monde » de Michel Laffon (256 p., 15 euros) ; Le vrai goût du Maroc : une traversée du pays en 50 recettes (Hermé, 160 p., 12 euros) ; Saveurs du Maroc (éd. de Lodi, 192 p., 18,50 euros) ; Les carnets de cuisine marocaine de Bouchra (Solar, 176 p., 25 euros) ; sans oublier Ramadan : la cuisine du partage (Agnès Vienot, 172 p., 25 euros), de Fatéma Hal, la patronne du célèbre restaurant parisien Mansouria.
Pour rester en Afrique du Nord, on relève d’autres livres sur des sujets moins attendus : Maisons du Sahara (Hazan, 200 p., 40 euros), Amazigh : voyage dans le temps berbère (Hazan, 160 p., 45 euros), Greniers collectifs de l’Atlas (Edisud, 350 p., 54 euros). Si l’Égypte séduit grâce à la majesté de ses pyramides et le Maroc au raffinement de ses créations, le Sud-Sahara a pour principales attractions, aux yeux des éditeurs en tout cas, ses grands espaces, sa faune sauvage, ses coutumes ancestrales, ses peuples « premiers ». Et les amateurs sont particulièrement gâtés cette année. Les arts africains traditionnels avaient été en vedette en juin dernier avec l’inauguration du musée du Quai Branly (voir J.A. n° 2370), qui a été le prétexte à de nombreuses publications. On les retrouve en fin d’année avec, entre autres, le catalogue de l’exposition Gabon, présence des esprits (Dapper, 220 p., 40 euros), L’Âme de l’Afrique : masques et sculptures (L’Amateur, 294 p., 59 euros) et Statues d’Afrique (Asa, 128 p. 19 euros). Autre aspect de l’Afrique ancienne, les chefferies, présentées notamment dans L’Allée des rois : chefs traditionnels du Burkina Faso (Snoeck Publishers, 88 p., 39,50 euros).
Pour ce qui est de la faune, on notera la réédition de Bonobos, le bonheur d’être singe (Fayard, 210 p., 45 euros). Tandis que Nadège Oganesoff a allié dessins et photos dans Animaux d’Afrique, les voyages graphiques (Sépia, 96 p., 25 euros), deux vétérinaires, Georges Auclair-Semere et Philippe Jeanmonod, ont réuni une sélection de leurs meilleurs clichés sur les savanes de l’Afrique australe et de l’Est pour composer Symphonie sauvage (Alternatives, 130 p., 39 euros). Nombreux sont les ouvrages de découverte plus généraux, comme Regards sur l’Afrique (La Renaissance du livre, 256 p., 45 euros), et plus spécialement sur l’Est africain : Éthiopie : carnets de voyage (Place des Victoires, 160 p., 29,95 euros), Éthiopie. Le royaume mythique (Vilo, 240 p., 60 euros), Abyssinie. Entre ciel et terre, la route d’Arthur Rimbaud (Olizane, 144 p., 45 euros).
Toutes les splendeurs d’une Afrique noire demeurée très près de l’état de nature ou ancrée dans ses traditions ancestrales sont réunies dans le colossal Hommage à l’Afrique d’Olivier Föllmi (éd. de La Martinière, 352 p., 54 euros). Familier de l’Himalaya, le photographe français a usé de tout son talent pour fixer sur la pellicule ce que le Sud-Sahara compte de paysages et de scènes de vie insolites. Le format de l’ouvrage (28 x 36,5 cm) fait de chaque page l’équivalent d’un poster. Autre figure de la photo, Hans Silvester a centré son travail sur une vallée du sud-ouest de l’Éthiopie dont les habitants sont parmi les derniers représentants d’une Afrique originelle. Les Peuples de l’Omo, un double volume (304 et 160 p.) sous coffret, proposé à 120 euros par La Martinière, plus que jamais grand spécialiste des beaux livres de haute qualité (on doit notamment à cet éditeur la fameuse thématique « vu du ciel » de Yann Arthus-Bertrand), est un ouvrage impressionnant aussi bien par sa dimension que par son contenu. Gardiennage des troupeaux, retours de chasse, danses rituelles, jeux d’enfants : le premier volume dessine le quotidien des membres de ces tribus vivant à des années-lumière du monde moderne. Plus étonnant encore est le second volume, où chaque image donne à voir au plus près les visages et les peintures corporelles d’hommes, de femmes et d’enfants qui se transforment en autant d’uvres d’art abstrait.
Si l’on veut découvrir une Afrique insérée dans la modernité, mais hélas ! pas nécessairement sous ses aspects les plus bienfaisants, il faut parcourir Congo River (La Renaissance du livre, 192 p., 39,50 euros) de Thierry Michel. Plus qu’un sous-produit du film qui porte le même titre, ce livre a été inspiré au réalisateur belge par les voyages qu’il a effectués au Zaïre (devenu entre-temps RD Congo) depuis quinze ans. Avec lui – et ses coauteurs congolais Lye Mudaba Yoka et Isidore Ndaywel è Nziem -, on embarque à Matadi, à l’embouchure du fleuve, pour remonter jusqu’au Katanga en passant par Kinshasa, l’Équateur, Kisangani, le Maniema. C’est toute la vie d’un peuple, ses souffrances passées et ses espoirs pour l’avenir qui se déroulent au fil de ces 3 500 km d’eau.

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