Vos lettres et emails sélectionnées

Publié le 12 octobre 2004 Lecture : 6 minutes.

Pertinence et impertinence
Dans la rubrique « Ils ont dit » du n° 2275-2276, un certain Marc De Clerk exprime sa haine pour les religions, précisant qu’il déteste « l’islam en particulier ». En tant que musulman, les déclarations de ce « psychanalyste et écrivain français » ne m’ont fait ni chaud ni froid. On sait que le monde regorge de musulmans, de chrétiens, de juifs, de bouddhistes… qui se haïssent et s’insultent mutuellement. Mais si on publie de tels propos, est-ce pour nous montrer que leur auteur est averti et qu’il a raison ? Ou qu’il est idiot et ignorant ? Ou encore pour nous prouver, à nous musulmans du monde, que de plus en plus de personnes, y compris de supposés intellectuels, à tort ou à raison, nous haïssent ? Peut-être qu’étant vous-mêmes dans la confusion, vous nous demandez, à nous lecteurs, d’évaluer ce type de propos à votre place. Seulement, dans ce cas, et concernant un sujet aussi sensible, deux phrases tirées de je ne sais quel obscur contexte ne peuvent être suffisantes.
Réponse : La rubrique « Ils ont dit » n’a d’autre ambition que de rapporter des déclarations récentes se distinguant par leur pertinence ou leur… impertinence. Celles dont vous faites état relèvent bien sûr, à nos yeux, de la seconde catégorie. Vous avez raison, toutefois, de souligner que des propos de ce genre, sortis de leur contexte, peuvent prêter à confusion. Quoi qu’il en soit, il est clair que nous ne souscrivons nullement à la pensée qui pourrait les sous-tendre.

Pour un nouvel Irak
De ce cinquante-deuxième État des États-Unis que devient l’Irak, pourquoi les Européens ne feraient-ils pas une nouvelle frontière commerciale avec les États-Unis ? La Turquie, qui possède une vaste frontière avec l’Irak, trouverait naturellement sa place dans l’Europe comme point de passage incontournable entre le Vieux Continent et le Moyen-Orient. Les populations kurdes verraient leur niveau de vie s’accroître, et les tensions de ce secteur se résorberaient avec l’essor du commerce profitant à tous. Venant du Nord, les productions des anciennes républiques soviétiques verraient, longeant les tristes gazoducs, une nouvelle voie d’échange. Approvisionnés par la côte méditerranéenne, dans une saine compétition entre les villes portuaires, des flots de marchandises en provenance d’Extrême-Orient, des États-Unis et d’Europe alimenteraient bientôt en masse le mythique marché de Bagdad. Le rêve de commerce des Phéniciens se réaliserait ainsi grâce à George W. Bush, premier président ayant compris l’importance des échanges bien administrés et la nécessité, par la création volontariste de nouvelles frontières créant des circuits nouveaux de la richesse, d’enrichir les plus pauvres et d’apaiser les sources de conflits mondiaux.

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Que la sincérité l’emporte
Si Henri Konan Bédié peut reconnaître ses erreurs du passé et comprendre qu’Alassane Ouattara est, à l’instar du pouce de la main, un élément incontournable de la vie politique ivoirienne, ils formeront à eux deux une équipe qui gagne. Pourvu que la sincérité l’emporte sur tous les coups bas de la politique et que le duo Bédié-Ouattara serve d’exemple aux autres hommes politiques africains.

Le Maghreb est d’abord africain
Le Maghreb n’est pas un continent à part entière comme le laissent entrevoir certains dans les écoles et la presse. De Rabat à Tunis et de Tripoli au Caire en passant par Alger, le terme « Africains » est trop souvent utilisé pour désigner tous ceux qui viennent d’Afrique subsaharienne, tandis que les ressortissants des pays d’Afrique du Nord ne se considèrent qu’en tant que Maghrébins, à défaut d’être européens. Le sentiment d’appartenance à un continent n’apparaît que lorsque les Maghrébins sont appelés à participer à une compétition sportive africaine.
Il n’y a aucune honte à se reconnaître africain. Sachons dire à nos enfants que le Maghreb est simplement une forme d’organisation régionale qui prend en compte les intérêts culturels, spirituels et linguistiques de cette partie de l’Afrique.

Des citations enrichissantes
Jeune Tunisienne de 17 ans, j’adore Jeune Afrique/l’intelligent, surtout les éditoriaux de Béchir Ben Yahmed et les citations pleines d’humour et de sagesse qui les accompagnent et… que je collectionne. Elles sont vraiment enrichissantes pour les jeunes désireux de parfaire leur culture littéraire et politique. Pourriez-vous me communiquer les références des livres dont elles sont extraites ?
Réponse : Les références sont indiquées en bas du cadre et peuvent changer d’une semaine ou d’un mois à l’autre. Nous avons utilisé jusqu’ici plusieurs sources. Telles que :
Le Bouquin des citations, de Claude Gagnière, éditions Robert Laffont, collection « Bouquins ».
Le Grand Dictionnaire des mots d’esprit. De Rabelais à Coluche, de Raymond Castans, Le Livre de Poche.
Des citations pour le manager, de Luc Boyer et Romain Bureau, éditions d’Organisation.
Napoléon Bonaparte, mots, propos, aphorismes, éditions Pierre Horay, collection « En verve ».
Talleyrand, mots, propos, aphorismes, éditions Pierre Horay, collection « En verve ».
Et nous allons prochainement utiliser Le Petit livre des pensées les plus drôles, choisies et présentées par Jean Orizet, Le Cherche-Midi éditeur. B.B.Y.

Votre antiaméricanisme tourne à la démagogie
Plus le temps passait, plus je continuais à lire la position de Jeune Afrique/ l’intelligent sur le conflit américano-irakien, plus j’ai eu envie de vous écrire.
C’est une chose quand Béchir Ben Yahmed se limite à exprimer son opinion dans le cadre de la rubrique « Ce que je crois ». C’en est une autre quand vous vous permettez sur la couverture des déclarations aussi affirmatives que « L’Amérique, hors la loi » ou « Échec sur toute la ligne ! ». Il est clair que c’est une prise de position. Le devoir d’un journaliste professionnel n’est-il pas de présenter les faits et de laisser le lecteur tirer sa conclusion ?
Votre obsession contre le gouvernement américain vous empêche de reconnaître ses succès et de dénoncer les actions déstabilisatrices de ceux que vous appelez « la résistance ». Quel pays a besoin d’une résistance qui massacre délibérément son propre peuple ?
J’aime lire les articles de Béchir Ben Yahmed comme d’ailleurs Jeune Afrique/ l’intelligent tout entier. Mais il y a des événements beaucoup plus tragiques que ceux d’Irak qui se passent sur notre continent. Vous semblez les ignorer ou alors vous les couvrez très tardivement.
Franchement, votre antiaméricanisme tourne à la démagogie.
Réponse : Votre opinion sur ce que nous écrivons est partagée par un certain nombre de personnes, et nous la soumettons volontiers à nos lecteurs pour qu’ils en jugent.
1. Non, le devoir d’un journaliste professionnel n’est pas de se limiter à présenter les faits. Il a le droit et, dans certaines circonstances, le devoir de dénoncer les atteintes aux règles internationales, aux conventions, aux droits de l’homme.
2. Ce que vous appelez notre « obsession » contre le gouvernement américain est fort heureusement partagé par la moitié des compatriotes de ce M. George W. Bush et par la majorité des peuples du monde. Cela est un fait, non une opinion.

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L’islam y a gagné
Grand merci à J.A.I. pour avoir publié le texte d’Hamid Barrada (« Heureux comme un musulman en France », n° 2281) sous la rubrique « En vérité ». Oui, ce qui s’est passé à propos des otages journalistes, avec la démarche des musulmans de France, décoince toutes les relations entre Français, musulmans, chrétiens et d’autres confessions. Et je suis d’accord avec tout ce qu’écrit Hamid Barrada. Maintenant, tous les espoirs sont permis pour des relations normales entre nous. Je crois que l’islam y gagne intellectuellement, culturellement, « citoyennement » – mais nous tous aussi. « À quelque chose malheur est bon ! » Je voulais croire à la venue de ce jour : nous y sommes ! Merci de le souligner avec un si bel et bon article.

L’Union est un chemin…
Comme toute entreprise humaine, l’Union africaine ne pourra pas satisfaire toutes les attentes si elle demeure l’apanage d’un nombre restreint de personnes. L’Union est un chemin tracé par nos chefs d’État. Il revient aux peuples de s’organiser pour marcher droit sur ce chemin et en tirer le meilleur profit. La société civile africaine ne devrait pas se contenter de critiquer et de montrer du doigt les hommes politiques, les rendant seuls responsables des échecs. Il lui faudrait aussi faire des propositions et amener de façon pacifique les décideurs politiques à faire les bons choix. Quant aux jeunes, au lieu de se sentir toujours exclus, ils devraient surmonter leur sentiment d’impuissance pour saisir au bond les nouvelles opportunités qu’apporte l’Union africaine.

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