UE : la fin du purgatoire ?

Publié le 12 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

La coopération active du gouvernement togolais dans le domaine de l’antiterrorisme et de la lutte contre les narcotrafiquants, si elle lui vaut les satisfecit d’Interpol, de la France et des États-Unis, semble laisser de marbre la très sourcilleuse Commission de l’Union européenne. Interrompue depuis onze ans, la reprise de l’aide est pourtant à l’ordre du jour, Lomé ayant, le 14 mai 2004, souscrit à un catalogue de vingt-deux engagements dont la mise en oeuvre doit déboucher sur une normalisation avec Bruxelles. D’ores et déjà, la révision du code électoral et l’ouverture du dialogue avec l’opposition – dont le principal leader, Gilchrist Olympio, s’est vu restituer son passeport – sont entrées dans les faits. Mais c’est dans le domaine de la liberté d’expression que les progrès sont le plus sensibles. La marge de manoeuvre de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication a ainsi été accrue, et le nouveau code de la presse, adopté fin août, est désormais l’un des plus libéraux du continent. Les peines de prison – y compris préventives – pour diffamation et atteinte à l’honneur sont en effet explicitement abolies, alors que des pays réputés plus démocratiques, comme le Sénégal, le Mali, le Bénin, voire le Burkina, les maintiennent toujours dans leur code pénal.
Côté UE, les réponses à ces ouvertures se font avec une grande parcimonie. Trente millions d’euros consacrés au financement de projets précis – le recensement notamment – devraient être débloqués avant la fin octobre, parallèlement à l’annonce officielle de la levée des sanctions. Mais le versement du reliquat du IXe FED (Fonds européen de développement), soit 40 millions d’euros, ne sera effectif qu’après la tenue « contrôlée » d’élections législatives anticipées, dont la date n’est pas encore fixée. Si les cinq millions de Togolais ont depuis une décennie appris à survivre avec les sanctions – et même un peu mieux que cela puisque ni l’État, ni l’administration, ni la sécurité ne se sont effondrés -, le desserrage millimétré du carcan qui les étouffe, sous prétexte de « punir » leurs dirigeants, a, lui, quelque chose d’indécent.

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