Shocking !

Publié le 12 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Pitcairn, vous connaissez ? C’est un archipel du Pacifique sud, situé, grosso modo, à mi- parcours du Pérou et de la Nouvelle-Zélande, du côté de Tahiti. Le seul de ses cinq îlots qui soit habité fait 3,2 kilomètres de long sur 1,6 de large. On peut donc en faire le tour en quelques minutes. Cela dit, on peut être un pays lilliputien et néanmoins célèbre. C’est à Pitcairn, en effet, que se sont installés, en l’an de grâce 1790, les révoltés du Bounty, fameux trois-mâts britannique. Personne ne s’en souviendrait si Hollywood n’en avait fait un film où Clark Gable (dans le rôle envié du second Fletcher Christian, qui dirigea la révolte) laisse la vie sauve à un Charles Laughton incarnant le cruel capitaine William Bligh, pour se réfugier dans ce qui est aujourd’hui une colonie britannique.

Deux cent quatorze ans plus tard, Pitcairn refait parler d’elle. Sept hommes, sur les trente adultes qui peuplent le territoire, comparaissent depuis la fin septembre devant la justice, notamment pour agressions sexuelles et viols sur mineurs. C’est une habitante qui a porté plainte, en 1999, après la publication d’un livre mettant au grand jour les côtés cachés des moeurs pitcairniennes. Dans ce paradis quelque peu étroit, des soeurs partagent le plus naturellement du monde le même mari, des adolescentes ont des relations avec des hommes âgés, les femmes ont des enfants de plusieurs partenaires et certaines sont mères dès l’âge de 15 ans. Shocking ! Ces pratiques, généralement considérées comme inacceptables, semblent subitement déplaire à la couronne britannique, qui a, pourtant, longtemps laissé faire.

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Elle a donc dépêché sur place un juge chargé de redresser les torts. Une bonne partie de la population est citée comme témoin et près d’un quart des hommes adultes pourraient se retrouver bientôt derrière les barreaux. Le maire de Pitcairn, un certain Steve Christian, s’inquiète des conséquences fâcheuses d’éventuelles condamnations, qui priveraient l’îlot de certains de ses bras valides. Il craint d’être obligé de se nourrir de patates douces et d’ignames – ce qui pousse dans le secteur – pour le restant de ses jours. Pis, il pourrait bien être privé de vacances sur Oeno, microscopique île déserte, mais seul lieu de villégiature disponible dans les parages. Il faut en effet cinq hommes pour mettre à l’eau les chaloupes qui permettent parfois de s’échapper de Pitcairn ou d’aller à la rencontre des bateaux de ravitaillement incapables d’accoster ce bout de rocher sans rivage. Monsieur le maire a donc décidé d’aller plaider la cause de ses administrés aux… Nations unies, à New York.

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