À l’ère de la « mobile économie »

Publié le 13 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

« La mobile économie pourrait bien avoir raison des vieilles complaintes sur les handicaps des pays en développement. » Cette phrase que nous écrivions en avril 2000 dans Jeune Afrique/l’intelligent se vérifie quatre ans plus tard. À l’époque, l’Algérie comptait moins de 70 000 abonnés au téléphone portable et un seul opérateur de téléphonie cellulaire (GSM). Orascom et, dernièrement, Wataniya ont rejoint Algérie Télécom sur ce marché où l’on dénombre aujourd’hui plus de 3 millions de clients. Des progrès semblables ont été réalisés dans bon nombre de pays, dont le Maroc, le Sénégal ou le Cameroun, pour ne citer qu’eux. Sur l’ensemble du continent, le nombre d’abonnés au téléphone mobile est passé de 4 millions en 1999 à 51 millions en 2003, selon les données très officielles de l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence spécialisée des Nations unies.

Le succès est tel que les statisticiens s’interrogent. Lors du grand salon international Telecom Africa 2004, qui se tenait au Caire en mai dernier, les analystes de l’UIT et ceux de la Banque mondiale ont même dû accorder leurs chiffres. Les premiers avaient calculé qu’en moyenne chaque Africain dépensait 27 dollars par mois pour son téléphone mobile, soit plus de la moitié du revenu annuel par habitant (633 dollars par personne et par an) établi par les seconds En d’autres termes, le GSM révèle qu’il y a plus d’argent en Afrique que veut bien le croire la Banque mondiale, qui s’empresse d’accuser le secteur informel de cette dissidence en même temps qu’elle note que le téléphone mobile est un produit élitiste, puisque 90 % des utilisateurs sont concentrés dans 18 des 53 pays africains. En fin de compte, les spécialistes des deux bords se sont accordés pour produire non pas une, mais trois prévisions officielles de progression du marché, qui devrait atteindre 100 millions, 150 millions ou 200 millions d’utilisateurs de GSM à l’horizon 2010 en Afrique.
Querelles d’experts mises à part, ces fortes progressions ont de quoi réjouir les rares investisseurs qui se sont risqués sur ce continent, qui se révèle bien plus rémunérateur que prévu. Les cinq principaux opérateurs de télécoms enregistrent des bénéfices à faire pâlir d’envie : entre 10,6 % et 16,6 % du chiffre d’affaires pour les sud-africains Vodacom et MTN, le français Orange, l’égyptien Orascom et le néerlandais Celtel. Avec eux, les industriels qui fabriquent les équipements de réseaux ou les téléphones eux-mêmes se frottent les mains. Certes, le français Alcatel, le finlandais Nokia, l’américain Motorola, le canadien Nortel, pas plus que les chinois ZTE et Huawei, leurs nouveaux concurrents, ne détaillent leurs résultats par zone géographique. Mais il est clair dans leurs discours que les débouchés africains sont loin d’être quantité négligeable ; et qu’ils sont en forte croissance quand tous les autres marchés stagnent.

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L’informatique en Afrique connaît un dynamisme comparable, bien que plus discret. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on y retrouve les plus grands, de Hewlett Packard à IBM en passant par Microsoft ou encore NEC, aux côtés de spécialistes comme Azlan, Alvarion, Cisco ou encore CFAO Technologies. Maintenant que la plupart des entreprises, organisations et individus ont franchi le pas et se sont équipés d’ordinateurs, d’imprimantes et de réseaux, le marché s’oriente vers une nouvelle phase : comment mieux utiliser ces équipements. La partie promet d’être d’autant plus intéressante que la technologie est en train d’effacer les frontières entre les télécoms et l’informatique, c’est tout l’objet de ce dossier. Un système nommé WiFi supprime le câble qui raccordait l’ordinateur à Internet et permet de relier trois ou quatre ordinateurs entre eux. Il faut rester à une dizaine de mètres de la borne d’émission, mais un autre standard, le WiMax, supprimera cette contrainte. La simplicité d’utilisation et le coût raisonnable des équipements représentent un progrès considérable, qui n’est pas sans rappeler le passage du téléphone fixe au cellulaire. Un ordinateur étant plus complexe à utiliser qu’un téléphone, il ne faut évidemment pas escompter un essor aussi spectaculaire du nombre d’internautes et d’informaticiens africains. Notons simplement qu’une nouvelle fois la « mobile économie » est à l’uvre en Afrique et qu’il est possible d’en attendre de profonds changements.

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