Leçons de campagne

Publié le 13 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

S’il est vrai, comme l’a dit un jour Woody Allen dans l’un de ses films, que la dictature
c’est « Ferme ta gueule ! », et la démocratie c’est « Cause toujours ! », alors le Cameroun est une très grande démocratie. Car si on met de côté les deux plus sérieux adversaires de Paul Biya que sont Adamou Ndam Njoya et John Fru Ndi encore qu’il aurait été beaucoup plus sérieux que ces deux hommes n’en fassent qu’un , force est de constater
que tous les autres, ou presque, ont parlé, et encore parlé pour ne rien dire. Oui, pour ne rien dire, puisqu’ils ont tous déclaré, les uns après les autres, qu’ils avaient des chances de l’emporter. Comment, dès lors, les prendre au sérieux ? « Vous allez être surpris », disait l’un. « Je suis le seul à pouvoir inquiéter Biya », disait l’autre. « Mes informations me le confirment, je peux gagner », disait le troisième. Sans parler de celui qui se proclame « chasseur de lion » chasseur de Biya, en clair , ni de cet autre qui annonçait, le 4 octobre dernier, qu’il n’était pas, mais alors pas du tout, disposé à se laisser voler « sa » victoire. Vous allez voir, ce que vous allez voir, disait-il en substance aux journalistes présents. Et de menacer le pays d’une « troisième mi-temps très dure » dans le cas où Paul Biya « oserait » se déclarer vainqueur le 11 octobre au soir. « Cause toujours », a-t-on envie de dire, effectivement, à chacun de ces messieurs, tant leurs prétentieuses déclarations ont réussi à faire oublier les quelques réflexions politiques que pouvaient contenir leurs programmes. Pour ceux qui en avaient un. En fin de compte, le plus surprenant dans cette élection, ce n’est ni l’utilisation d’un hélicoptère pour transporter le candidat-président, ni les 4×4 rutilants des élites de Yaoundé sillonnant le pays profond, ni la distribution de billets de banque, ni la bière qui coule à flots aux abords des meetings Non, ce qu’il y a eu de vraiment surprenant au cours de cette campagne électorale, c’est que pas un seul des 15 challengeurs de Paul Biya, à aucun moment, n’a eu l’idée de se désister en faveur d’un
autre. Étonnant, non ? Désolant. Pour la démocratie, s’entend.

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