Rencontre avec Lbachir BenMohamed, l’immunologiste marocain devenu la coqueluche des médias américains

Directeur du laboratoire de recherche en immunologie de l’université de Californie-Irvine, le chercheur américain d’origine marocaine travaille à l’élaboration d’un vaccin universel, efficace contre toutes les formes de Covid. Interview exclusive.

L’immunologiste Lbachir BenMohamed © University of California

L’immunologiste Lbachir BenMohamed © University of California

FADWA-ISLA_2024

Publié le 10 avril 2021 Lecture : 14 minutes.

CNN, ABC News, Fox… Depuis deux mois, le professeur Lbachir BenMohamed est omniprésent dans les médias américains et son nom revient dans toutes les discussions sur le coronavirus. La raison de cette agitation médiatique ? L’immense espoir suscité par le vaccin universel qu’il développe avec ses équipes de l’université de Californie, à Irvine, et qui protégerait contre tous les coronavirus connus, ainsi que contre d’éventuels nouveaux variants.

Rien ne prédestinait pourtant ce natif de Tagante, un village amazigh situé à 18 kilomètres de Guelmim, au Maroc, à devenir une star mondiale de l’immunologie, à la tête de l’un des laboratoires de recherche les plus importants d’Amérique du Nord.

Né en 1968 dans un milieu populaire – son père, Lahcen, a été berger, puis, pendant une dizaine d’années, mineur dans le nord de la France avant d’ouvrir une petite épicerie à Guelmim –, Lbachir veut d’abord devenir médecin, comme le chercheur maroco-américain Moncef Slaoui.

Ode à la persévérance

Mais, après avoir échoué au concours d’entrée de la faculté de médecine de Casablanca, en 1984, il étudie la biologie, à l’université Ibn Zohr d’Agadir, où il obtient sa licence. Il entre ensuite en tant que stagiaire à l’Institut Pasteur de Paris. À force de travail, il finit par y soutenir une thèse de doctorat en immunologie, portant sur un vaccin contre la malaria.

Chercheur brillant et travailleur acharné, il complète sa thèse par un post-doctorat aux États-Unis. À l’université de Californie, il enseigne, il gravit tous les échelons, successivement professeur-assistant, professeur-associé, puis professeur et directeur du laboratoire d’immunologie cellulaire et moléculaire. Son histoire est une formidable success story et une ode à la persévérance.

Aujourd’hui à la tête d’une équipe de neuf chercheurs, il travaille à l’élaboration de ce vaccin universel, pour lequel les États-Unis ont investi 4 millions de dollars, ainsi qu’à un dispositif révolutionnaire de patch vaccinal. Le tout sans oublier ses racines, puisqu’il ambitionne de créer, au Maroc, le premier institut d’immunologie d’Afrique.

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Jeune Afrique : Vous travaillez à l’élaboration d’un vaccin universel, qui permettrait de se prémunir contre toutes les formes de Covid, y compris contre ses futurs variants. Comment vous est venue cette idée ?

Lbachir BenMohamed : Le Covid-19 n’est ni la première ni la dernière pandémie causée par un coronavirus. Auparavant, il y avait eu le SARS-CoV-1, le MERS, etc. Moins d’un an après l’émergence du Coronavirus SARS-CoV-2, au moins trois variants sont apparus : en Afrique du Sud, au Brésil et en Angleterre.

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Or, ces nouveaux variants ont déjà développé une « immunité », qui les protège des vaccins existants. Le Covid-19 est un virus très malin, qui cherche sans cesse à muter pour assurer sa survie. Dans le jargon des immunologistes et des virologistes, on appelle cela une « Immune-Evasion ».

La question n’est pas : « Une autre pandémie va-t-elle se produire ? », mais : « Quand ? »

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