La lettre de Mbeki à Mohammed VI
Publié le 12 octobre 2004 Lecture : 1 minute.
Annoncée le 16 septembre au Cap, la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) par l’Afrique du Sud, si elle a fait sensation au Maroc (voir J.A.I. n° 2280), ne constituait pas une surprise pour le roi Mohammed VI. Le président Thabo Mbeki a en effet, dès le 1er août, fait parvenir au souverain une lettre dont des extraits viennent d’être diffusés à Pretoria, dans laquelle il annonçait clairement ses intentions : « Majesté, écrivait-il, nous pensions que l’objectif principal du Maroc, dans les négociations menées avec les Nations unies, était de garantir au peuple du Sahara occidental l’exercice de son droit à l’autodétermination, librement et sans empêchement aucun, fort de la conviction qui est la sienne que ce peuple déciderait par cette voie de devenir partie intégrante du royaume du Maroc. Or il s’avère clairement maintenant que le Maroc n’a absolument aucune intention de respecter le droit du peuple du Sahara occidental à déterminer son sort. […] L’impasse évitable causée par les positions de votre gouvernement a créé une situation dans laquelle tout retard supplémentaire de notre part à reconnaître la RASD signifierait inévitablement un abandon de notre soutien au droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination. Nous avons donc décidé d’entamer des discussions avec le Front Polisario pour convenir des modalités de l’ouverture d’une ambassade de la RASD dans notre pays. »
À noter que Paris – tout particulièrement l’Élysée – a peu apprécié la décision de Pretoria et le lui a fait savoir par les voies diplomatiques. « Cette reconnaissance ne sert pas les intérêts de la paix dans la région, dit-on dans l’entourage du président Chirac. Et elle part d’un présupposé faux : pour nous, le Sahara ne relève pas d’un problème de décolonisation, puisque le colonisateur – l’Espagne – a quitté le territoire depuis longtemps. »
