RDC : Katumbi ou Muzito… Qui dirige Lamuka ?
La plateforme d’opposition dispose, depuis le 10 avril, de deux « coordonnateurs », l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito d’un côté, et Moïse Katumbi, qui a rejoint l’Union sacrée de Félix Tshisekedi de l’autre. Une confusion qui fragilise un peu plus cette coalition, divisée depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Qui dirige Lamuka ? Le 10 avril, après six mois à la tête de la plateforme d’opposition, Martin Fayulu a passé le flambeau à son allié, l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito. En théorie, celui-ci doit à son tour effectuer un mandat de six mois. Mais Moïse Katumbi ne l’entend pas ainsi. L’ancien gouverneur du Katanga, également membre fondateur de Lamuka, a annoncé le même jour qu’il prenait « automatiquement » la présidence tournante de la plateforme, en vertu du principe de rotation. Une déclaration rapidement saluée par le quatrième et dernier membre membre fondateur de Lamuka, Jean-Pierre Bemba.
La coalition d’opposition mise en place avant l’élection présidentielle de décembre 2018 compte donc désormais deux « coordonnateurs ». Une confusion qui illustre les dissensions auxquelles Lamuka est en proie depuis l’élection de Félix Tshisekedi. D’un côté, la frange dite « radicale », incarnée par Martin Fayulu, qui revendique toujours sa victoire à l’élection de 2018 et rejette la légitimité des institutions, et soutenue par Adolphe Muzito. De l’autre, la frange dite « républicaine », défendue par Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, qui reconnaissent tous les deux ces mêmes institutions. La scission, perceptible depuis plusieurs mois, est désormais officielle.
« Départ volontaire »
Car si les quatre leaders de Lamuka ont souvent eu des difficultés à s’entendre sur la stratégie à adopter vis-à-vis de Tshisekedi, ils avaient malgré tout continué à faire route ensemble en signant, en de rares occasions, des communiqués communs. La rupture n’est intervenue qu’à la fin de l’année 2020, lorsque Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi se sont engagés au sein de l’Union sacrée, la nouvelle coalition qui s’est constituée autour du président congolais. Pour Fayulu, le ralliement de Bemba et de Katumbi au chef de l’État équivaut à un « départ volontaire » de Lamuka. Dans une récente interview à Jeune Afrique, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018 disait d’ailleurs regretter le manque « d’élégance politique » de ses deux partenaires d’opposition.
L’isolement du système de Kabila a toujours fait partie des objectifs de Lamuka
Mais dans le camp adverse, le discours est différent. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba mettent en avant le fait que, malgré leur adhésion à l’Union sacrée, ils n’ont pas annoncé leur départ de Lamuka. « L’isolement du système de Kabila a toujours fait partie des objectifs de Lamuka », justifie un membre de l’entourage de l’ancien gouverneur du Katanga. « Il n’appartient pas à l’un des membres d’une plateforme de dire qui est légitime pour en faire partie et qui ne l’est pas », ajoute un autre.
De fait, cet imbroglio place Lamuka dans une situation délicate. Ensemble pour la République, le parti de Moïse Katumbi, et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba devraient disposer de plusieurs portefeuilles dans le gouvernement de Sama Lukonde Kyenge, dont l’annonce est imminente. Mais Martin Fayulu et Adolphe Muzito continuent de dénoncer l’illégitimité du pouvoir en place. Dans leur communiqué du 10 avril, les deux leaders de Lamuka ont d’ailleurs annoncé une proposition de réforme de la loi sur l’identification et l’enrôlement des électeurs et un projet de calendrier électoral.
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