Une vie de chien

Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 1 minute.

Sami Tchak aime bousculer les mots, les catapulter ensemble et en faire des feux d’artifice. Il aime aussi les destins misérables qu’il dépeint comme des épopées grandioses. Dans Le Paradis des chiots, son dernier livre, paru le 21 août, il s’attache à la triste histoire d’Ernesto, enfant d’une favela indéterminée d’Amérique du Sud nommée El Paraíso, le Paradis. Son père ? Inconnu. Sa mère ? Linda, une paumée, une pauvre fille aussi odieuse que pathétique. Mais chaque paradis a son dieu et pour Ernesto, c’est l’énigmatique El Che, un fantôme avec, paradoxalement, une présence forte.
Le roman nous fait endosser la souffrance et la déchéance des protagonistes. Nous avons de l’affection pour Laura, gamine maigrichonne, douce et cruelle à la fois. Nous craignons le terrible Riki, un gosse hyperviolent haut comme trois pommes, ennemi juré d’Ernesto. Notre cur bat au rythme de la violence des rues, de l’errance des curs et du malheur qui s’abattent sur ces êtres sans destin. Rapports de domination et d’humiliation, sexualité débridée, étalée sans pudeur, et extrême tension issue de la violence psychologique et physique qui s’exerce au quotidien : c’est une vision noire du monde des bidonvilles que l’auteur nous offre dans ce livre étonnant. Sami Tchak, écrivain togolais, docteur en sociologie, vit en exil à Paris. Il s’est fait connaître en 2001 en publiant Place des fêtes (collection « Continent noir », éd. Gallimard) il dépeint la vie d’un immigré africain avec une insolente dérision.

Le Paradis des chiots, de Sami Tchak, éd. Mercure de France, 238 pp., 17 euros

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