Une réduction de dette à la clé ?

Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 3 minutes.

A près de premières difficultés au début de la décennie 1990, le Togo est entré en récession à partir de 1997. Si la croissance de son PIB est remontée à 3,7 % en 2005, contre 2,9 % en 2004, cette légère embellie a eu un impact très limité sur les conditions de vie de la population. Il est vrai que le pays part de très bas. En mal d’argent frais, l’État a recouru l’an dernier à un emprunt obligataire qui lui a permis de récolter 41 milliards de F CFA (76 millions de dollars). Les recettes publiques propres sont on ne peut plus modiques. Le Togo est le pays de l’Afrique de l’Ouest où la pression fiscale est l’une des plus basses, de l’ordre de 13 % du PIB. Un laxisme dans la collecte de l’impôt qui s’explique par de nombreux facteurs : importance du secteur informel, explosion de l’évasion fiscale, inefficacité des services de recouvrement. Seul le Port autonome de Lomé (PAL), l’unique qui soit en eaux profondes dans la sous-région, assure des rentrées financières conséquentes. Le port profite de sa situation de transit vers les pays de l’hinterland (Burkina, Mali, Niger), mais également de la défaillance d’Abidjan depuis le début de la crise ivoirienne, en septembre 2002. Le port de Lomé a vu son trafic passer de 3,9 millions à 5 millions de tonnes entre 2002 et 2005.
S’il parvient à payer ses fonctionnaires contrairement aux années écoulées où les arriérés s’étaient accumulés -, le Togo continue à connaître des problèmes de trésorerie qui l’empêchent de faire face aux échéances de sa dette. Écrasé par une ardoise extérieure de 1,7 milliard de dollars, soit l’équivalent de son PIB, il accumule des arriérés de paiement estimés à 13,2 milliards de F CFA en 2004 tandis que le paiement des intérêts de sa dette mobilisait 10 % de ses dépenses au cours de la même année.
L’absence de financements ronge l’économie togolaise depuis que l’Union européenne (UE) a décidé de suspendre ses décaissements pour cause de « déficit démocratique ». Pour ne pas pénaliser des Togolais suffisamment éprouvés – plus de 70 % d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ce pays classé à la 143e place du palmarès du développement humain élaboré par le Pnud -, l’UE finance toutefois quelques opérations à caractère social.
Le tissu industriel a singulièrement souffert du manque de moyens. La production de phosphate, le principal produit d’exportation du pays, a chuté de 1,4 million à 1,1 million de tonnes entre 2003 et 2004, soit une baisse de 24 %. En cause : la vétusté de l’appareil de production qui n’a plus été modernisé ni entretenu depuis le début des années 1980.
Les projets d’investissement les plus lourds – rénovation des infrastructures, électrification – attendent dans un pays où routes, ports, écoles et dispensaires sont dans un état de délabrement avancé. L’agriculture, qui emploie 67 % de la population active et contribue à hauteur de 45 % du PIB, n’est guère mieux lotie. Très extensive et faiblement mécanisée, elle repose sur des exploitations familiales de café, de cacao et de coton. Les terres s’épuisent, mais seuls 15 % de la superficie cultivée bénéficient d’intrants, du fait de l’indigence des agriculteurs.
Le Togo mise plus que jamais sur une reprise de sa coopération avec la communauté financière internationale pour relancer ses principales filières d’activité et doper ses recettes d’exportation. Il espère également faire partie des pays qualifiés par les bailleurs de fonds pour bénéficier de l’annulation partielle de sa dette extérieure.

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