Pétrole : quand la Russie s’éveillera
Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 1 minute.
La tentation russe de développer les pipelines est compréhensible. La combinaison d’un prix élevé du baril de pétrole et de volumes croissants d’exportation d’hydrocarbures a rapporté à la Russie 160 milliards de dollars (145 milliards d’euros) pendant les quatre années qui ont suivi la crise financière de 1998. Ce sont près de 70 milliards de dollars de plus que dans les quatre années d’avant la crise. Ces exportations ont représenté un peu plus de 40 % des ventes totales du pays à l’étranger et ont fourni 38 % des recettes fiscales fédérales. Les liquidités ainsi injectées ont aussi été l’un des principaux moteurs de la croissance dans le secteur des services.
Conscient de cela, le gouvernement Poutine a encouragé une forte relance de la production et des exportations pour regagner le terrain perdu durant la première décennie chaotique de l’après-Union soviétique. Cet effort a été financé, à hauteur de 13 milliards de dollars chaque année, par les liquidités considérables dont disposent les compagnies pétrolières russes. Aujourd’hui, la Russie produit un peu plus de 8 millions de barils et en exporte en moyenne 4 millions par jour, soit respectivement environ 25 % et 60 % de plus qu’en 1998.
Elle pourrait produire beaucoup plus. La décision de British Petroleum (BP) d’investir 6,75 milliards de dollars dans une coentreprise avec TNK, la troisième compagnie pétrolière russe en termes de réserves, et la fusion de Yukos et Sibneft pour créer une nouvelle société (dont la production et les réserves sont presque équivalentes à celles du leader mondial ExxonMobil) en disent long sur le potentiel de la Russie.
Le pays a une marge considérable pour développer ses réserves, estimées à quelque 100 milliards de barils, soit environ 50 % de l’or noir disponible hors les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et l’Amérique du Nord. D’ici à 2010, les compagnies russes pourront aisément exporter 7 millions de barils par jour si le gouvernement autorise la mise en place de nouveaux pipelines. n
