Panoramique de la planète
Le Belge Tito Dupret expose à Paris ses clichés à 360 degrés des plus belles réalisations de l’humanité, classées au Patrimoine mondial.
Jean-Christophe « Tito » Dupret a le regard pétillant de ceux que le monde ne cesse d’émerveiller. Ses semelles, il les a usées jusqu’à la trame en Chine et en Afghanistan, en Égypte et au Yémen. Sa passion pour le meilleur de ce que l’homme a pu réaliser au cours des siècles n’a rien d’égoïste : elle se donne à voir gratuitement sur son site www.world-heritage-tour.org. – et dans une exposition* parisienne à partir du 11 septembre.
Voilà quatre ans, ce jeune journaliste belge s’est attelé à une tâche herculéenne : présenter sur la Toile les 830 sites (dont plus de 70 en Afrique) classés au Patrimoine mondial de l’Unesco (http://whc.unesco.org). Pour ce faire, il a choisi un média peu connu : la panographie. Il s’agit d’images panoramiques permettant de voir à 360 degrés, de haut en bas comme de gauche à droite. Le résultat est stupéfiant : en un simple clic, vous pouvez vous retrouver sous la tour Eiffel, sur l’esplanade du Taj Mahal, au milieu du temple d’Angkor ou au sommet de la grande muraille de Chine. Coût de cette visite virtuelle ? Zéro. Et c’est encore plus saisissant que le fameux Google Earth du moteur de recherche éponyme ou que le géoportail de l’Institut géographique national français !
Pour en arriver là, le fils de riches colons belges installés sur les berges du lac Kivu (République démocratique du Congo) a connu bien des galères. D’abord photographe de concerts après ses études de journalisme au sein de l’Institut des hautes études des communications sociales de Bruxelles, il a ensuite arpenté la Corne de l’Afrique et l’Inde, tourné des documentaires sur les Églises de Lalibela en Éthiopie et la vieillesse en Belgique jusqu’à recevoir en pleine figure l’insulte faite par les talibans à l’humanité. En 2001, souvenez-vous, les intégristes religieux au pouvoir en Afghanistan détruisaient à l’arme lourde les bouddhas millénaires de Bamiyan L’idée commence à germer ce jour-là : pour Tito, il faut « faire quelque chose » pour le Patrimoine mondial. Au même moment, il découvre la photographie numérique et la possibilité de réaliser des panographies. Le projet de Tour du Patrimoine mondial vient de naître. Tito choisit ses armes : un appareil Nikon D50 et le logiciel Realviz Stitcher. « J’étais en guerre contre le système occidental dont je ne voyais pas l’objectif. J’étais anarchiste, je suis devenu plus démocratique et moins tyran de moi-même. J’avais désormais une solution personnelle et collective à offrir », confie-t-il.
Il n’empêche, les galères continuent. Afin de subvenir à ses besoins, Tito travaille pour le gouvernement wallon depuis la Chine qu’il arpente de long en large ! Un vertige mystique le saisit sur le site bouddhiste de Dazu ; la fièvre jaune manque de le tuer peu de temps après. Bijuang Chen – aujourd’hui madame Dupret – le sauve de la voie monastique. Son travail sur les sites du Patrimoine mondial commence à porter ses fruits. Il est invité en Égypte où le ministère de la Culture lui ouvre la tombe du pharaon Séti Ier, fermée aux touristes, pour qu’il en réalise des panographies. Aujourd’hui, tout le monde peut virtuellement visiter ce fragile et magnifique monument funéraire. L’aide financière du Kaplan Fund est venue un peu plus tard, apportant la certitude que le Tour du Patrimoine mondial allait se faire, « parce que c’est juste et utile ».
Journaliste dans l’âme, Tito Dupret n’embellit pas la réalité. Pour prendre ses photos, il ne sollicite aucune autorisation et agit discrètement, comme un voyageur lambda. Son site présente les monuments tels qu’ils sont, parfois mal entretenus, envahis par des hordes de touristes peu scrupuleux, usés par les assauts du temps. C’est un témoignage précieux sur le sort que le temps présent réserve aux merveilles du passé. Prochaines étapes ? Israël, d’abord, puis la Jordanie, la Syrie, le Liban, Bahreïn, Oman, le Yémen, et enfin les huit sites de l’Éthiopie classés au Patrimoine mondial.
* Exposition du 11 au 23 septembre dans le hall du ministère de la Culture, site des Bons-Enfants, 182, rue Saint-Honoré, 75001 Paris, gratuit.
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