Présidentielle au Bénin : que va faire Patrice Talon de sa victoire ?
Proclamé vainqueur dès le premier tour de la présidentielle, selon des résultats encore provisoires, le chef de l’État va devoir apaiser les tensions politiques pour pouvoir poursuivre ses réformes.
Concerts de klaxons, fanfare et marée de petits drapeaux bleus… Juché sur le marchepied de son 4×4 rutilant, Patrice Talon, veste bleue et chemise blanche, salue la foule en liesse. En cette soirée du mardi 13 avril, il est l’un des rares, avec ses gardes du corps, à porter un masque. « Guidjo ! Guidjo ! Guidjo ! », scandent les partisans du président sortant, dont la réélection dès le premier tour a été annoncée quelques instants plus tôt.
« Guidjo », expression en langue fon que l’on pourrait traduire par « validé » ou « rien à ajouter », a été popularisée par Togbè Yeton, rappeur très populaire aux paroles souvent crues, qui n’apparaît que le visage caché sous un masque. L’artiste, qui a notamment partagé la scène et plusieurs clips avec Fally Ipupa, a apporté son soutien à Patrice Talon au cours de la campagne, au point de consacrer à son bilan un titre ponctué de « guidjo ! »…
« Rien à ajouter », comme pour dire que désormais, la page de l’élection et de ses aléas est tournée. Certes, la dernière semaine de campagne a été marquée par une poussée de violences dans les bastions de l’ancien président Thomas Boni Yayi. Certes aussi, les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Cena) sont provisoires et doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle. Certes enfin, les candidats de l’opposition dénoncent de « nombreuses irrégularités » lors du scrutin de dimanche, et l’un d’entre eux a annoncé son intention de déposer un recours. Mais il n’empêche : dans le camp du président sortant, l’élection est pliée et il est déjà temps de passer à autre chose.
Un électeur sur deux
« C’est une victoire totalement méritée. Les Béninois ont clairement fait le choix de donner une chance au développement du pays de s’accélérer dans les années qui viennent », assénait Wilfried Léandre Houngbedji dès mardi soir. Contacté par Jeune Afrique dans les minutes qui ont suivi la proclamation des résultats, le directeur de la communication de la présidence, qui est aussi l’un des deux porte-parole de Patrice Talon dans la campagne, admet qu’il « aurait aimé un taux de participation plus fort », mais dénonce « la violence orchestrée par certains acteurs politiques ».
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