[Série] En Afrique, le casse-tête de la transition énergétique

Sur le continent, Total, Shell ou encore ENI ont mis la priorité sur leurs développements gaziers. Mais leurs projets dans les énergies renouvelables et la compensation carbone restent encore modestes.

Plateforme pétrolière d’Eni en Égypte. © Gianni GIANSANTI/Gamma-Rapho via Getty Images

Plateforme pétrolière d’Eni en Égypte. © Gianni GIANSANTI/Gamma-Rapho via Getty Images

Publié le 29 avril 2021 Lecture : 2 minutes.

Bonne nouvelle pour les écologistes, mauvaise pour les pays pétroliers africains qui bénéficient de la manne fiscale et des emplois de l’or noir. Sous pression de l’opinion publique et des régulateurs occidentaux, mais aussi de leurs actionnaires et partenaires financiers, les majors du secteur, surtout européennes Shell, BP, Total et Eni en premier lieu – ont entamé une mue sans précédent : leur déclin volontaire dans l’extraction de pétrole brut au profit d’énergies plus « vertes ».

Le PDG de Shell, Ben van Beurden, vient de l’affirmer : la production de pétrole du groupe néerlando-britannique a atteint son pic en 2019 et décline désormais de 1 à 2 % par an.

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Leur but affiché, appuyé par l’Union européenne et le Royaume-Uni, est celui de la « neutralité carbone » à horizon 2050. Sans avoir à ce stade d’obligations légales, les majors européennes ont décliné cette cible sur l’ensemble de leurs activités, y compris en y intégrant l’usage final des carburants qu’ils vendent (scope 3), facteur de très loin le plus important en émission carbone.

À titre d’exemple, les émissions directes de Total se chiffrent à environ 45 millions de tonnes d’équivalent CO2 mais celles liées à la carburation des véhicules est estimée par le groupe français à 450 millions de tonnes.

Améliorer l’accès à l’énergie

Dans la valse mondiale des émissions de CO2, le continent est pourtant spectateur plus qu’acteur. Il génère 9 % de la production mondiale de pétrole liquide (huiles) – soit 7,2 millions de barils par jour – et 6 % de celle de gaz naturel. Mais il reste un modeste émetteur de gaz à effet de serre : avec 17 % de la population planétaire, l’Afrique ne compte que pour 2 % des émissions. Et la moitié de sa production d’or noir est exportée.

De fait, en matière d’énergie, pour l’Afrique la priorité des gouvernants est d’abord et avant tout celle de l’amélioration de l’accès à l’énergie : 600 millions de personnes y restent dépourvues d’accès à l’électricité et le recours massif à la biomasse (charbon de bois) a des effets délétères sur la santé ou l’environnement.

Du fait de la contrainte carbone, BP lancera désormais très peu de projets d’extraction d’huiles sur le continent

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En bref, la route vers la transition énergétique des majors européennes sera encore longue. Petite consolation pour leurs dirigeants, les géants américains Exxon et Chevron – moins présents que les Européens sur le continent et peu convaincus par les risques liés au changement climatique – ou les chinois Cnooc et Sinopec sont bien plus à la traîne.

Quant aux compagnies nationales africaines, elles ne sont clairement pas dans cette optique de transition énergétique, leur but étant d’optimiser l’exploitation des ressources en hydrocarbures, dont elles détiennent une bonne part des réserves sur le continent.

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