L’aveu

Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Richard Armitage, l’ancien adjoint de Colin Powell au département d’État, est sorti tout penaud du placard le 7 septembre pour confirmer qu’il était bien celui par qui le scandale Wilson/Plame était arrivé. Tout commence en février 2002 lorsque George W. Bush, averti par les Britanniques que Saddam Hussein chercherait à acquérir de l’uranium au Niger, fait dépêcher à Niamey Joseph Wilson, ancien ambassadeur au Gabon, diplomate chevronné mais, curieusement, clintonien notoire. Ledit Wilson revient du Niger avec la conviction, couchée dans un rapport écrit, que le tuyau est fantaisiste. Ce qui n’empêchera pas Bush de reprendre plus d’une fois le thème de l’Irak acquéreur de « yellowcake » africain à l’appui de son assaut contre Bagdad. Wilson raconte alors son infortune, jusque dans le New York Times, en juillet 2003, provoquant l’ire des néoconservateurs. En août, le journaliste Robert Novak affirme dans le Washington Post tenir de source gouvernementale que le choix de Wilson était dû à l’insistance de son épouse, une certaine Valerie Plame, agent de la CIA. Révéler l’identité d’un agent étant un crime, le ministère de la Justice lance une enquête pour identifier la source que Novak se refuse évidemment à faire connaître ; s’ensuivent une offensive tous azimuts du FBI, une enquête au sein de la CIA, la nomination d’un procureur spécial, une plainte des époux Wilson, la mise en cause successive de tous les collaborateurs de Bush, qui, amateurs de coups tordus, auraient pu être à l’origine d’une fuite flairant la vengeance politique. Et, pour les experts en coups tordus, le procureur n’avait que l’embarras du choix : Karl Rove, le conseiller politique de Bush, Lewis Libby, le directeur de cabinet de Dick Cheney, sont sur la sellette.
L’écheveau s’est dévidé pendant trois ans ; de nombreux familiers de la Maison Blanche savaient par ouï-dire que quelqu’un avait parlé à Novak, croyaient savoir de qui il s’agissait, mais, refusant de le dire, pouvaient être accusés de complicité. Le procureur lui-même savait, mais il a conclu qu’il n’y avait pas matière à poursuite. Le très modéré Armitage, que personne n’attendait dans ce rôle sulfureux, a donc finalement avoué qu’il avait, par pure inadvertance, lâché le nom de Valerie Plame à l’issue d’un long entretien avec Novak. Après avoir reconnu qu’il avait fait « une connerie », il a présenté ses excuses à tous, du président Bush aux époux Wilson.

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