Croissance : le FMI craint trois années « perdues » pour l’Afrique subsaharienne
D’après les estimations du Fonds, la production par habitant au sud du Sahara ne devrait pas retrouver le niveau de 2019 avant 2022. Quelques pays affichent néanmoins une croissance remarquable eu égard à la morosité de la conjoncture.
C’est un message plutôt pessimiste que le Fonds monétaire international (FMI) a publié, le 13 avril, avec ses prévisions de croissance en 2021 pour les 45 pays de l’Afrique subsaharienne. Selon le Fonds, ils profiteront peu de la reprise mondiale attendue à +6 %. Après sa récession de -1,9 % en 2020, elle ne retrouvera qu’un élan modeste de +3,4 %, le plus faible de toutes les régions du monde. Le FMI ne prévoit pas un retour du PIB/habitant de la région aux niveaux d’avant la pandémie qu’à partir de 2022.
« Cela s’explique par la marge d’action durablement restreinte de la région , mais aussi en partie par la lenteur de la campagne de vaccination qui ne devrait pas permettre la vaccination d’au moins 60 % de la population avant la fin de 2023 dans la majorité des pays, a commenté Abebe Aemro Sélassié, directeur du Département Afrique du FMI. Le coût de ce début d’immunité collective représentera une hausse des dépenses de santé pouvant atteindre 50 % ».
Hormis les Seychelles qui ont mené une politique très vigoureuse de vaccination, l’Afrique subsaharienne risque d’être la dernière servie en doses nécessaires pour juguler la pandémie.
État des lieux : pays les plus touchés et les plus résistants
En 2020, les cinq pays dont la croissance a été la moins touchée par la crise ont été l’Éthiopie (+6,1 %), la Guinée (+5,2 %), le Bénin (+2 %), la Côte d’Ivoire (+2,3 %) et le Niger (+1,2 %).
Les cinq les plus affectés ont été surtout des destinations touristiques : Maurice (-15,8 %), Cap Vert (-14 %), Seychelles (-13,4 %), le Botswana (-8,3 %) et le Zimbabwe (-8 %).
La tâche principale des dirigeants sera d’élargir l’espace budgétaire en accroissant les recettes intérieures
En 2021, les plus vigoureux seront le Kenya (+7,6 %), le Botswana (+7,5 %), le Niger (+6,9 %), Maurice (+6,6 %) et l’Ouganda (+6,3 %). Les moins bien lotis seront les Comores (0 %), la République du Congo (+0,2 %), l’Angola (+0,4 %), la Zambie (+0,6 %) et le Gabon (+1,2 %).
Comment trouver l’argent qui fait défaut pour relancer ces économies ? Et pour redresser une situation qui a fait basculer 32 millions de personnes dans l’extrême pauvreté ? « La tâche principale pour les dirigeants sera d’élargir l’espace budgétaire en accroissant les recettes intérieures, en hiérarchisant les dépenses et en réalisant des gains d’efficacité sur ces dernières », a répondu Abebe Aemro Sélassié qui a rappelé les aides dont pouvaient profiter les 45 pays de l’Afrique subsaharienne.
23 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux ?
L’initiative de suspension du service de la dette du G20 leur a permis une économie de 1,8 milliard de dollars entre juin et décembre 2020 et leur apporterait une aide potentielle de 4,8 milliards de dollars entre janvier et juin 2021. Une allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI leur procurera au moins 23 milliards de dollars supplémentaires.
« À long terme, les ressources officielles pourraient s’avérer insuffisantes », a reconnu M. Sélassié. En effet, ce sont 425 milliards de dollars dont les pays de la région ont besoin au cours des cinq prochaines années pour renforcer leurs dépenses de riposte à la pandémie et pour accélérer la convergence de leurs revenus. Ces questions seront étudiées lors du prochain Sommet international de haut niveau sur le financement de économies africaines ». Y seront imaginées des stratégies de financement innovantes qui pourraient aider l’Afrique subsaharienne à mobiliser des fonds du secteur privé.
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