Cachez-moi ce drapeau

Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

En décidant de retirer le drapeau irakien de tous les édifices publics de sa province, Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien et chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), a provoqué un tollé. « Nos institutions, s’est-il justifié, sont trop sacrées pour qu’elles soient placées sous les couleurs du drapeau du Baas. » Furieux, le porte-parole des partis politiques sunnites, Hassan al-Moutlaq, a affirmé que cette atteinte à la souveraineté ne demeurera pas sans conséquence : « Ce que vous arrachez aujourd’hui sera restitué demain par la force. »
La décision de Massoud Barzani a reçu le soutien de son alter ego de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), Jalal Talabani, qui, accessoirement, se trouve être le… chef de l’État en exercice. Embarrassé, le Premier ministre Nouri al-Maliki a déclaré, du bout des lèvres, que « le drapeau irakien doit flotter sur le moindre centimètre carré de notre territoire », sans pour autant écarter l’idée d’un changement d’oriflamme. Mais on se souvient du fiasco né de l’idée de l’ancien proconsul américain, Paul Bremer, de faire adopter, en 2003, un autre drapeau pour le nouvel Irak. Cela avait provoqué une série de manifestations qui avaient contraint le gouvernement d’Iyad Allaoui à faire marche arrière en retirant son projet d’étendard bleu et blanc en lieu et place de la bannière aux deux étoiles barré d’un Allah Akbar (« Dieu est grand »).
Les velléités sécessionnistes de Barzani ne se limitent pas à l’affaire du drapeau. Pour répondre à ses détracteurs, le président du Kurdistan a affirmé, le 4 septembre, « si le Parlement du Kurdistan vote en faveur de l’indépendance, je n’hésiterai pas à la proclamer ». Outre le Conseil des chefs de tribus (la seule entité réunissant sunnites et chiites dans un pays au bord de la guerre civile), ces propos inquiètent Zalmay Khalilzad. L’ambassadeur des États-Unis à Bagdad, après avoir fait montre de compréhension à l’égard de Barzani, a tempéré son enthousiasme. Le 5 septembre, il a rendu public un communiqué pour rappeler les dispositions de la feuille de route du processus politique : « La question des symboles de la République est du ressort exclusif du peuple irakien. Dans son ensemble. »
La tempête provoquée par Barzani a relégué au second plan un autre acquis pour la consolidation de la souveraineté : le transfert par le général George Casey, commandant de la force multinationale, lors d’une cérémonie solennelle, le 7 septembre, à Bagdad, du commandement de l’armée irakienne au Premier ministre.
Pour tenter d’éteindre le feu allumé par Barzani, les Américains ont demandé à l’Alliance pour l’Irak unifié (AIU, du chiite Abdelaziz al-Hakim), principale force politique du pays, d’entamer un débat parlementaire à propos de l’instauration d’un État fédéral. Jamais les risques d’éclatement de l’Irak n’avaient été aussi perceptibles.

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