Un marabout tidiane au coeur de la bataille politique

Si le débat sur les relations entre le pouvoir politique et les forces religieuses a trouvé une nouvelle vigueur ces dernières années, c’est que le chef de l’État ne cache rien de son appartenance à une confrérie musulmane. Pour certains, toutefois, la vr

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est sans conteste le mouvement religieux le mieux structuré et le plus redouté du Sénégal. Créé en 1978 par Cheikh Ahmed Tidiane Sy, fils d’Elhadji Malick Sy, qui fit de Tivaouane la capitale de la confrérie tidiane au Sénégal, le Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty est riche de sections qui maillent le pays jusque dans ses moindres recoins. Chacune d’elles se soumet au même rituel : réunion le samedi, séance de zikr (« chant religieux ») dans la nuit du jeudi au vendredi, collecte des cotisations des membres Chaque année depuis 1996, l’association tient à Dakar une « université de ramadan », cadre d’échanges où des spécialistes viennent s’entretenir avec les adeptes de questions aussi diverses que « la femme musulmane et la diversité », « l’islam et les médias », « l’engagement du religieux en politique »Â Le mouvement voit les choses en grand, décore avec soin les lieux abritant ses manifestations, ouvre ses conférences à la participation de ses membres disséminés à travers le monde grâce aux NTICÂÂ
Dirigé par un « responsable moral », Serigne Moustapha Sy, fils du fondateur, le dahira dispose de moyens financiers importants. Proviennent-ils de ses capacités d’autofinancement ? Sont-ils fournis par quelque mouvance étrangère ?
La confusion du spirituel et du temporel est aussi vieille que la création du mouvement. Ses dirigeants ont toujours eu des rapports conflictuels avec le pouvoir. Dès les premières années de l’indépendance, Serigne Cheikh Tidiane Sy, qui avait créé le Parti de la solidarité sénégalaise (PSS) le 1er janvier 1959, a été arrêté le 22 juin suivant pour avoir organisé une manifestation religieuse interdite, puis le 23 septembre 1963 après qu’il eut distribué des tracts accusant Senghor d’homosexualité.
Dans la foulée de son père, Serigne Moustapha Sy a eu de sérieuses frictions avec le régime. Arrêté le 2 novembre 1993, il a été condamné le 15 janvier 1994 à un an de prison ferme pour « trouble à l’ordre public ». Le 16 février suivant, la manifestation de ses adeptes pour exiger sa libération s’est soldée par la mort de cinq policiers. Trois jours plus tard, Djibo Kâ, alors ministre de l’Intérieur d’Abdou Diouf, a prononcé « l’interdiction de Moustarchidina Wal Moustarchidaty sur l’ensemble du territoire ».
Le mouvement a plongé dans la clandestinité pendant deux ans, sans que son « responsable moral » cesse pour autant de se mêler de politique. Après avoir donné à ses talibés la consigne de voter au profit d’Abdoulaye Wade contre Abdou Diouf en 1993, il s’aligne derrière ce dernier en 2000. Avant de s’allier en 2007 à Idrissa Seck contre Wade. Et il ne semble pas près de renoncer à user de son influence religieuse pour continuer à peser dans le jeu politiqueÂÂ

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