[Édito] Abiy Ahmed, un faucon sur le toit de l’Afrique
Le conflit au Tigré se déroule à huis clos, mais une multiplicité de témoignages et de rapports d’ONG attestent de la gravité de la situation. Le Prix Nobel, audacieux réformiste, a laissé place à un chef de guerre intransigeant et mégalomane.
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 26 avril 2021 Lecture : 6 minutes.
Deux ans. C’est le temps qu’il a fallu au Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, pour passer de l’autre côté du miroir. L’image du réformiste quadragénaire, audacieux et libéral, faiseur de paix avec l’ennemi héréditaire érythréen, nobélisé, encensé par les médias et les grands de ce monde, a cédé la place à celle, glaçante, de l’ancien colonel des services de renseignement, spécialiste en cybersécurité, secret, intransigeant, mégalomane et mystique.
Ce renversement d’image, semblable à celui qu’a connu la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi après la réception de son Nobel de la Paix en 2012, est étroitement lié à la sale guerre civile qui, depuis sept mois, se déroule dans la province septentrionale du Tigré, le long de la frontière avec l’Érythrée.
Destruction et exactions
Une multiplicité de témoignages et de rapports d’ONG, ainsi que les reportages des rares journalistes autorisés à se rendre dans la capitale régionale Mekele, font état de milliers de morts, de dizaines de fosses communes, de viols de masse, de campagnes de nettoyage ethnique ainsi que du pillage et de la destruction de centaines d’écoles, de dispensaires, de fermes et d’unités de production.
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