Spéculations sur Rio Tinto et Xstrata

La bataille pour la première place mondiale se poursuit. Elle devrait mener à la création de supergéants capables d’imposer leurs prix aux industries de transformation.

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Est-il plus simple de trouver de nouveaux gisements ou d’acheter ceux du voisin ? Nommé en octobre 2007 à la tête de BHP Billiton, le Sud-Africain Marius Kloppers a choisi la seconde option. Une solution avantageuse dans un monde où les gisements inexploités sont de plus en plus rares, alors que les investissements de mise en oeuvre de tout projet important atteignent 2 à 3 milliards de dollars. À la fin de l’année dernière, son groupe, numéro un mondial, lançait une offre d’achat sur le numéro quatre, Rio Tinto (voir tableau). L’affaire, si elle se conclut, pourrait lui coûter jusqu’à 170 milliards de dollars, selon certaines sources, et créer un géant contrôlant plus de 40 % du marché mondial du minerai de fer, plus de 25 % de ceux d’aluminium et de charbon, et environ 15 % pour l’uranium et le cuivre. De quoi imposer ses conditions, notamment en Afrique, où les deux groupes opèrent – séparément – dans une vingtaine de pays.
Mais à ce jour, la fusion n’est toujours pas effective. La méthode Kloppers, qui avait pourtant fait ses preuves en 2001 lors de la fusion entre l’australien BHP et l’anglo-sud-africain Billiton, se heurte aux réticences des autorités de la concurrence de plusieurs pays et de celles de l’Union européenne. Elle s’est saisie du dossier en mai dernier et ne rendra pas sa décision avant décembre. Le dossier est épineux. La fusion une fois menée à bien donnera le signal d’une nouvelle vague de rapprochements dans un secteur déjà très concentré : les cinq premiers sont responsables de plus des deux tiers de la production mondiale. Le sidérurgiste ­ArcelorMittal est aux aguets : les actifs dans le fer l’intéressent, si les deux partenaires sont contraints de s’en séparer en partie. Le groupe franco-indien pourrait aussi bien faire son entrée dans l’aluminium en reprenant Alcan, qui avait rejoint Rio Tinto en octobre dernier (une fusion à 37 milliards de dollars).

Vale cherche aussi une cible

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De son côté, Anglo American aurait constitué des équipes dédiées pour étudier le dossier des éventuelles cessions. Après avoir vendu l’an dernier ses intérêts dans les mines d’or en cédant sa participation de 22 % dans le producteur sud-africain ­AngloGold Ashanti pour 2,7 milliards de dollars, le groupe d’origine sud-africaine cherche de nouveaux relais de croissance. Sur le continent, il est présent dans le diamant et exploite de nombreuses mines de charbon, de platine et de métaux de base en Afrique du Sud. Il pourrait aussi constituer une cible de choix pour les appétits du brésilien Vale (anciennement Companhia Vale do Rio Doce, ou CVRD). Actuel leader du minerai de fer, celui-ci avait lancé en février 2008 une offre publique d’achat sur le ­suisse Xstrata. Une opération à 90 milliards de dollars qui aurait pu à l’époque donner naissance au premier groupe minier mondial. La tentative a échoué. Vale conserve ses ambitions mais, si la fusion de BHP Billiton et Rio Tinto aboutit, la place de numéro un mondial risque de lui être inaccessible pendant ­quelques années.

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