Sale temps pour Atangana Mebara

L’ancien secrétaire général de la présidence est accusé d’affairisme, de concussion et même d’atteinte à la sécurité de l’État dans la fameuse affaire de l’avion Albatros.

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est, en fin de compte, pour une affaire de 300 millions de F CFA que Jean-Marie Atangana Mebara aura été conduit, dans la nuit du 6 août, à la prison centrale de Kondengui. La justice lui reproche, non pas, comme on l’imaginait au départ, d’avoir détourné de l’argent public dans l’opération d’achat de « l’Albatros », du nom de l’avion dont le président Biya souhaitait se doter en 2004, mais d’avoir surévalué le montant à payer au fournisseur, Asset Portofolio Management (APM).
Tel est le dénouement (provisoire) d’une affaire qui s’est emballée il y a trois mois avec l’audition de nombreuses personnalités politico-administratives, et dont le point d’orgue a été l’interpellation et la mise en arrestation, le 1er août, dans les locaux de la police judiciaire de Yaoundé, de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République.
Atangana Mebara, fort des fonctions stratégiques qu’il occupait, avait confié l’opération d’acquisition à Aircraft Portfolio Management, une société immatriculée aux îles Caïmans, dont APM est la filliale camerounaise. Problème : l’avion n’était pas neuf, il avait déjà volé pendant treize ans sous le pavillon d’Air Madagascar.
Toujours est-il que les choses se passeront mal. Lors de son vol inaugural entre Yaoundé et Paris, en avril 2004, l’appareil dans lequel la famille présidentielle a pris place connaît des « problèmes » techniques. Il doit rebrousser chemin de toute urgence. Ce sera suffisant pour que Paul Biya ne monte plus jamais à son bord.
On tentera de savoir quel rôle ont joué les différents intervenants, notamment Yves Michel Fotso, alors administrateur directeur général de la Camair, Iphraïm Inoni, actuel Premier ministre mais à ­l’époque secrétaire général adjoint de la présidence et président du conseil d’administration de la fameuse APM, et Otele Essomba, directeur général d’APM.
Une affaire qui s’inscrit dans un contexte tendu, la guerre que le président Biya mène contre la corruption s’étant traduite par un certain nombre de « victimes » parmi les anciens barons du régime ou des personnalités qui pouvaient se penser à l’abri de poursuites.
Jean-Marie Atangana Mebara, lui, se voit soupçonné, en outre, d’avoir voulu attenter à la sécurité de l’État en provoquant la mort du président dans un accident d’avion.
Une accusation dont il s’est toujours défendu, affirmant que l’appareil était en bon état et, surtout, qu’aucune ­expertise n’a jamais réellement ­apporté la preuve de la « panne » du vol inaugural.
Des arguments certainement insuffisants pour lever les soupçons qui pèsent sur lui depuis qu’en 2004 il a eu l’idée, après la fausse annonce de la mort de Paul Biya, de réunir quelques fidèles devant lesquels il s’est positionné comme le successeur du président. Une réunion d’où serait né le fameux G11, mystérieux groupe de personnalités politiques de premier rang dont l’ambition serait de préparer la conquête du pouvoir en 2011, terme de l’actuel mandat de Biya.

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