Maroc : Ça ne gaze pas pour Karim Zaz
Soupçonné d’escroquerie, Karim Zaz, l’ancien PDG de Wana a été arrêté le 4 mars. Un scandale qui met en émoi le petit monde des télécoms au Maroc.
Dans le jargon des parachutistes, on appelle cela un free fall, une chute libre. Et cette chute est rude pour Karim Zaz, parachutiste passionné qui maîtrise, pourtant, toutes les acrobaties aériennes…
L’ex-PDG de Wana Corporate (ancêtre d’Inwi et filiale télécom du holding royal SNI) est, avec onze personnes, dont d’anciens employés de Wana, poursuivi pour constitution de bande criminelle, escroquerie, trafic de communications téléphoniques à l’échelle internationale et abus de confiance. Selon un rapport de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), Zaz serait à l’origine de la création de plusieurs sociétés à Paris et Casablanca, qui détournaient les communications internationales en direction du Maroc, les faisant passer par un réseau clandestin high-tech, ce qui lui permettait ensuite, ainsi qu’à ses complices, d’empocher les revenus en devise.
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Rapport
Le 6 mars, lorsque la police judiciaire le présente devant le procureur, Zaz ignore qu’il sera écroué sur la base d’un rapport de 350 pages retraçant toutes ses activités présumées délictueuses. Aujourd’hui en détention préventive, il attend d’être déféré devant le juge d’instruction.
Les liens de Zaz avec Wana remontent à 1999, quand l’homme d’affaires fonde Maroc Connect, filiale du fournisseur d’accès internet Wanadoo de France Télécom. En 2004, l’opérateur français cède sa place à Attijariwafa Bank et à la CDG. Un an plus tard, Zaz décroche une licence de télécoms et s’associe à la SNI pour monter un ambitieux projet. Maroc Connect devient Wana. Zaz y introduit la technologie de téléphonie mobile CDMA, révolutionnaire à l’époque, mais qui sera un échec commercial. Longtemps placardisé, il quitte Wana en 2009 et se lance dans plusieurs activités, dont l’immobilier et surtout l’e-commerce, créant My Deal, Knooz.ma et La Redoute Maroc.
Qui a intérêt à éclabousser le holding ?
A-t-il commis un crime financier, ou est-il victime d’une vendetta de l’entourage royal qui lui reprocherait les lourdes pertes essuyées par Wana à la suite de ce détournement de trafic ? Ses avocats, Me Amine Lahlou et Me Abderrahim Jamaï, observent un silence prudent. Tandis qu’une source proche de la SNI rejette tout règlement de comptes politique et « se demande qui a intérêt à éclabousser le holding en mettant en avant des luttes de pouvoir personnelles ».
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