Ordre de bataille

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est entendu. Avec un baril de pétrole à 130 dollars, avec un bilan qui n’a rien de déshonorant, avec la paix retrouvée dans le Pool, avec une opposition qui se garde bien de réclamer quelque chose qu’elle pourrait obtenir de crainte d’avoir à s’en féliciter, Denis Sassou Nguesso est a priori en bonne voie d’être réélu président de la République en 2009. Aussi est-ce tout à son crédit que d’avoir su tirer la sonnette d’alarme, début juillet, à l’issue d’élections locales auxquelles nul, en dehors du Congo, n’a prêté attention, mais qui ressemblaient beaucoup à une répétition avant le grand spectacle. Point de dysfonctionnements administratifs criants cette fois, juste un déficit préoccupant de participation et une démobilisation inquiétante des militants de la majorité présidentielle, comme si le pouvoir ne parvenait plus à jouer son rôle de montreur d’avenir et de marchand d’espoir. Certes, le rassemblement des partis qui soutiennent le chef de l’État a remporté ce galop d’essai, mais cette victoire a été acquise par défaut, face à un adversaire multiforme, insaisissable et potentiellement dangereux : l’abstention.
Renouant avec les métaphores militaires, Denis Sassou Nguesso a réagi en général. Il a fustigé les « mauvais combattants », les a exhortés à « s’armer davantage », à « s’organiser » et à « rectifier le tir ». Quelques jours plus tard, à la suite des troubles qu’a connus la ville de Pointe-Noire, le président congolais a fermement mis en garde politiciens, responsables administratifs et notables locaux contre la répétition de ces incidents. En politique, les mots ont autant d’importance que les choses, et ces mots-là étaient ceux d’un chef. Mais est-ce tout ? Si les soldats renâclent à monter au front, c’est aussi parce que leurs officiers sont défaillants ou – pire – parce qu’ils ne les respectent plus.
En d’autres termes : c’est au sein de son gouvernement et de son entourage politique au sens large que réside aussi le problème du président. Trop de courtisans qui ne savent que recevoir, prendre et demander. Trop de conseilleurs incapables d’exécuter les plus petites tâches. Trop de plantes rampantes, toujours prêtes à flatter comme à trahir et qui s’accrochent à tout ce qu’elles trouvent. Avant ou après l’élection capitale – mais avant serait le mieux, car les embuscades seront nombreuses -, le chef suprême a tout intérêt à remettre son état-major à niveau. On imagine qu’avec l’expérience qui est la sienne, le sage de Mpila n’a pas besoin de ce conseil.

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