Mgr Peter Akinola
Primat de l’Église anglicane du Nigeria.
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À deux reprises (2006 et 2007), le magazine américain Time l’a qualifié de « révolutionnaire ». Mais Mgr Peter Akinola, l’archevêque anglican du Nigeria, ne veut point d’une telle étiquette accrochée à sa chasuble. Sans trop de modestie, il se définit pour sa part comme « un pasteur ordinaire », mais jouissant d’une influence et d’un pouvoir tels qu’ils pourraient bien, un jour, « changer le monde ». Le monde ? N’exagérons rien. Mais le monde chrétienÂÂ
Forte de 77 millions de fidèles à travers la planète, l’Église anglicane est au bord du schisme. Lors de la conférence de Lambeth, le 4 août à Canterbury, dans le sud de l’Angleterre, Mgr Rowan Williams, son primat, a dressé un constat d’échec : « Nous courons un très grand péril, a-t-il lancé aux 650 évêques assemblés. Nous n’avons réussi ni à surmonter nos divisions ni à moderniser nos structures. » Deux cents invités avaient répondu à l’appel au boycott lancé par Mgr Akinola.
« Dans le passé, c’était nos collègues de l’Ouest qui fixaient les règles. Aujourd’hui, nous sommes assez grands pour différencier ce qui est bien de ce qui est mal », estime-t-il. S’il peut se permettre de telles provocations, c’est évidemment parce qu’il est à la tête de l’une des plus grandes communautés anglicanes du monde : le Nigeria compte environ 17,5 millions de fidèles, au coude à coude avec le Royaume-Uni (entre 17 millions et 25 millions).
Ses détracteurs britanniques le surnomment pour leur part « le bigot », en raison de ses positions ultraconservatrices. Depuis 2003, date de l’ordination de Gene Robinson, un prêtre homosexuel américain, il s’acharne à pourfendre le libéralisme ambiant. Deux des plus importantes congrégations de l’Église épiscopalienne (branche américaine de l’Église anglicane) ont demandé à être placées sous son autorité. Bref, son combat dépasse peu à peu le clivage Nord-Sud.
Les anglicans y étant au nombre de 38 millions, c’est évidemment en Afrique que Mgr Akinola compte le plus de partisans, convaincus qu’il défend la « culture africaine » contre la « dépravation » de l’Occident. Mari fidèle et père de six enfants, il refuse l’ordination de femmes évêques et la célébration d’unions gays. Pourtant, même aux États-Unis, certains commencent à trouver un peu excessive sa farouche hostilité à l’homosexualité. En 2006, il n’a soufflé mot lors de l’adoption par le Parlement nigérian d’une loi antigays particulièrement répressive. De là à imaginer qu’il y consenteÂÂ Quoi qu’il en soit, les homosexuels – et leurs défenseurs – sont désormais passibles au Nigeria de cinq ans d’emprisonnement.
S’il se défend de vouloir prendre la tête des « Églises du Sud », comme certains l’en soupçonnent, Mgr Akinola a néanmoins organisé, à la veille de la conférence de Lambeth, une sorte de forum alternatif, à Jérusalem. Sourire aux lèvres, il y a déclaré que « le chemin vers Dieu ne passe pas forcément par Canterbury ». Les 250 évêques présents ont applaudi à tout rompreÂÂ
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