Matins ensoleillés pour William Baldé
À 43 ans, le chanteur franco-guinéen fait une entrée tardive mais fracassante dans les charts hexagonaux. Son single « Rayon de soleil » est le tube du moment.
On ne se plaindra pas de l’actuel battage médiatique autour du chanteur William Baldé. Sorti en juin dernier, son tout premier album intitulé En corps étranger et produit par Warner Music France permet à cet artiste franco-guinéen de caracoler en tête du Top 5 des ventes dans l’Hexagone depuis plusieurs semaines.
Porté par son single « Rayon de soleil », Baldé fait, à 43 ans, une entrée certes tardive mais fracassante dans l’industrie du disque, à la grande joie des dizaines de milliers de vacanciers en train de se déhancher au rythme épicé de ce morceau léger et grivois mais, selon lui, « le plus à même de plaire au public ».
Si cet auteur-compositeur arborant dreadlocks, barbe de deux jours et boucles d’oreilles assume pleinement le caractère « provoquant » des paroles (« Un matin suspendu / Aux fleurs de ton jardin / Ma main sur ton petit cul / Cherche le cheminÂÂ ») qui accompagnent ce qui s’annonce déjà comme le tube de l’été, les moins volages – ou les plus puristes – préféreront les autres morceaux orientés pop-folk africaine. En ce sens, « Rayon de soleil » ne saurait résumer à lui seul la tonalité de cet album plus acoustique qu’électrique qui mêle à la rondeur du son marqué par la contrebasse un esprit reggae-mandingue et une pluralité de signatures dont celle de sa femme, Catherine.
On notera en particulier « Sweet Lady », relevé par une section de cuivre façon Otis Redding, « Sayüma lagissé », l’un des deux morceaux chantés en wolof, et surtout le sublime « Sur la route de Dakar » soutenu par une ligne de guitare lancinante enrobée d’une flûte lointaine. L’amour, l’exil, le retour au pays, la mélancolie affleurante du déracinement sont les thèmes développés comme « une façon d’assumer tout ce que je suis », explique Baldé.
Né en Guinée en 1965, envoyé par ses parents dans un « pays frère » – le Sénégal – à l’âge de 9 ans, Baldé se décrit comme un « exilé heureux ». Exilé parce que ses parents ont décidé qu’il ne grandirait pas dans son pays d’origine, comme pour mieux le protéger de la dictature de Sékou Touré. Heureux car, au final, sa venue en France à 14 ans, « dictée » par un père réfugié politique, n’a pas été une prison mais au contraire une source de vie, de création, d’inspiration.
Entouré de musiciens blancs dont ses fidèles complices Ilan Abou et Gil Gimenez, rencontrés il y a quinze ans, Baldé baigne dans ce triangle d’or délimité par les trois pays de son enfance et de son adolescence. Aussi atypique qu’inclassable, sa musique est à ce titre universelle.
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