Les expatriés ouest-africains

Depuis la fin de la guerre, la capitale congolaise a bien changé et aspire à se moderniser. Mais que reste-t-il de « Brazza la verte » ?

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Voilà deux ans qu’Akibou, un Malien originaire de Koulikoro, a cédé son commerce à son petit frère pour se lancer dans la vente d’ampoules qu’il importe de Hong Kong. « L’alimentation, c’est pour les jeunes qui débutent. Si l’on veut gagner de l’argent, il faut vendre en gros et dénicher de nouveaux produits », assène-t-il.
Après des décennies de règne quasi exclusif sur le commerce de détail brazzavillois (alimentation, quincaillerie, habillement), les commerçants maliens et sénégalais sont de plus en plus concurrencés par les Chinois. Ces derniers ont d’ailleurs investi l’avenue de la Paix à Poto-Poto, vieux quartier brazzavillois qui fut le premier fief des ressortissants d’Afrique-Occidentale française venus s’installer dans la villeÂÂ Il leur reste Ouenzé et Moungali, où ils ont essaimé à la fin des années 1970 et que les Chinois n’ont pas encore envahis.
Les temps sont plus difficiles qu’avant pour les Ouest-Africains, surnommés waras par les Congolais. Notamment pour les jeunes, qui doivent se contenter d’une échoppe ou de devenir taximen pour vivre. Leurs aînés, surtout les grands commerçants qui vont à Dubai ou en Chine, s’en tirent encore bien. Pour preuve, Mamadou a réussi à vendre depuis le port de Pointe-Noire 150 000 brouettes achetées à Canton. Un bon pactole, auquel il faut ajouter les loyers tirés de ses investissements immobiliers.
Les waras comptent aussi dans leurs rangs les popos, nom donné aux Béninois et aux Togolais, dont les femmes rivalisent avec les Brazzavilloises sur les marchés de Ouenzé. Se sont aussi plus récemment installés des détaillants mauritaniens, et quelques Ivoiriens, Guinéens, Nigériens et Nigérians.
Autre évolution : depuis le début des années 2000, les Ouest-Africains de Brazzaville, dont beaucoup sont des musulmans, ont marqué leur présence par la construction d’une dizaine de mosquées à Poto-Poto, Ouenzé et Moungali. Même à Talangaï, Mikalou et Bacongo, où ils sont pourtant moins nombreux. De vastes mosquées affublées de hauts minarets qui ne passent pas inaperçues. Évidemment, l’appel à la prière à 4 heures du matin, amplifié par les haut-parleurs, n’est pas pour plaire au voisinage. Si la plupart des Congolais grognent en silence, d’autres se sont convertis à l’islam, qui vient concurrencer les Églises de réveil.
Fait également nouveau : les liens tissés avec l’Arabie saoudite, le Soudan et l’Égypte, qui assurent de plus en plus la formation des imams de Brazzaville, lesquels n’ont plus grand-chose en commun avec leurs homologues tidianes de Poto-Poto. À la faveur de ce renouveau islamique, les Maliennes et les Sénégalaises sont moins visibles en ville et plus nombreuses à porter le foulard ou le voile.

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