La crise, connais pas

Sur un marché africain très porteur, de nouveaux venus menacent les positions bien établies des deux leaders de la construction d’engins miniers.

Publié le 12 août 2008 Lecture : 3 minutes.

Quelle crise ? Même s’ils souffrent d’un ralentissement de leur activité aux États-Unis et le craignent en Europe, les constructeurs d’engins de chantier et miniers peuvent compter sur les pays émergents pour maintenir leur croissance. L’américain Caterpillar, numéro un mondial avec un chiffre d’affaires de 44,9 milliards de dollars en 2007 (+ 8,3 %), annonce une progression limitée à 7 % en Amérique du Nord au premier semestre pour cause de difficultés du secteur de la construction. Mais les autres régions du groupe (Europe, Afrique et Moyen-Orient étant réunies dans une seule) affichent des croissances de 22 % au minimum, l’Asie voyant ses ventes progresser de 52 %. Même observation pour son concurrent japonais Komatsu : si la Chine en tire la croissance (+ 62,3 %), la zone Afrique et Moyen-Orient vient immédiatement après, en progression de 42,6 %.
Sur le terrain, les concessionnaires se frottent les mains. À commencer par le sud-africain Barloworld. À la fin mars, sa branche équipement, qui commercialise Caterpillar en Afrique australe, affiche un chiffre d’affaires en hausse de 32 %, à 4,9 milliards de rands (660 millions de dollars), quand l’ensemble progresse de 8 %, à 21,7 milliards de rands. Le groupe bénéficie certes dans son propre pays des nombreux chantiers lancés pour la Coupe du monde de football de 2010, mais il se déploie en Angola, au Mozambique, en Zambie ainsi qu’en RD Congo. Là, c’est dans le cadre d’une coentreprise avec Tractafric Equipment, de l’ONA marocain.
Créée début 2007, elle emploie 110 personnes et devrait réaliser des ventes de 150 millions de dollars dès cette année grâce à l’effervescence que connaît la région du Katanga (cuivre et cobalt). Soit quelque 20 % du chiffre d’affaires de Tractafric, concessionnaire du même constructeur pour le Maroc et l’Afrique centrale francophone, tandis que le français JA Delmas l’est pour l’Afrique de l’Ouest. Quant à Komatsu, qui a sa propre filiale pour l’Afrique australe, c’est la société familiale belge Bia qui le représente en Afrique francophone, du Maroc à la RD Congo en passant par la Guinée, où la quasi-totalité des engins utilisés à la mine de bauxite de Sangaredi portent la marque du constructeur japonais.

Ventes en hausse de 272 %

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Les bonnes perspectives du marché africain ne laissent pas indifférents les concurrents des deux leaders mondiaux. S’ils sont encore peu présents sur le continent, c’est sans doute que le japonais Hitachi (8,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires) et le suédois Volvo CE (5 milliards de dollars), compte tenu de leurs tailles respectives, ne disposent pas tout à fait de la même force de frappe. Le premier, qui construit principalement des équipements pour l’exploitation des mines, affiche des ventes en progression annuelle de 272 %. Pour le moment, il réalise 13 % de son chiffre d’affaires dans les régions Afrique et Moyen-Orient. En revanche, le second mise particulièrement sur l’essor du marché minier africain, qui a représenté 70 % de ses ventes en Afrique l’année dernière. Volvo est distribué dans le sud et l’est du continent via la société sud-africaine Babcock et étend progressivement son réseau de distribution en pays francophones.
Comme tous les industriels, les constructeurs d’équipements lourds subissent la hausse de matières premières et la répercutent sur leurs tarifs. Caterpillar a augmenté les siens de 5 % au premier trimestre, et l’on prête à Komatsu la volonté d’accroître ses prix de 10 %. De quoi ralentir les ventes en Afrique ? « De telles machines restent dans les comptes d’exploitation pendant vingt ou trente ans, rappelle Alain Cassuto, de Tractafric. Nous vendons de la capacité de production sur le long terme. » Si les mines africaines tiennent leurs promesses, leurs fournisseurs ne sont donc pas près de connaître la crise.

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