« Le Covid-19 a entraîné une augmentation des décès liés au paludisme en 2020 »

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, Olivia Ngou, directrice exécutive de l’ONG Impact Santé Afrique, appelle les dirigeants africains à investir plus massivement dans les systèmes de santé.

Des mères font la queue pour que leurs enfants soient vaccinés au centre de santé communautaire de Pipeline, situé dans la banlieue de Monrovia, au Liberia, en novembre 2014. © Abbas Dulleh/AP/SIPA

Des mères font la queue pour que leurs enfants soient vaccinés au centre de santé communautaire de Pipeline, situé dans la banlieue de Monrovia, au Liberia, en novembre 2014. © Abbas Dulleh/AP/SIPA

Publié le 25 avril 2021 Lecture : 4 minutes.

La pandémie de Covid-19 menace les acquis historiques de la lutte contre le paludisme. C’est le constat alarmant que dresse l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon laquelle environ un tiers des pays ont signalé des perturbations des services de prévention, de diagnostic et de traitement de la maladie parasitaire au cours du premier trimestre de 2021.

S’il est probable que le scénario du pire a été évité – à savoir un doublement des décès en Afrique subsaharienne en 2020 par rapport à 2018 – Olivia Ngou, directrice exécutive de l’ONG Impact Santé Afrique, estime d’ores et déjà que la mortalité a augmenté en 2020 par rapport à l’année précédente, pendant laquelle le paludisme a tué 409 000 personnes, dont 90 % sur le continent africain. Elle appelle les dirigeants à intensifier les investissements dans la lutte contre le paludisme pour éviter que la maladie ne devienne « le plus grand problème de santé publique ».

Jeune Afrique : Dans quel but avez-vous créé votre ONG ? 

Olivia Ngou : Impact Santé Afrique est une ONG panafricaine basée au Cameroun, dont l’objectif est de contribuer à la lutte contre le paludisme sur le continent. Elle est dirigée par des jeunes femmes, car ce sont elles, ainsi que les enfants de moins de cinq ans, qui sont les plus affectées par cette maladie (70 %). Nous mettons davantage l’accent sur les pays d’Afrique francophone, qui payent le plus lourd tribut au paludisme et ont besoin de redoubler leurs efforts pour y faire face.

Comment expliquer ce retard de l’Afrique francophone ?

Cela s’explique avant tout par le manque de financements. Les pays consacrent moins de 5 % de leur budget à la santé, contrairement aux 15 % qui avaient été promis lors de la déclaration d’Abuja, en 2001. Cette région possède également trois fois moins de médecins que l’Afrique anglophone.

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Ce manque de financements explique-t-il la recrudescence du nombre de cas ces dernières années ?

Entre 2000 et 2015, les États africains ont fait beaucoup d’efforts pour lutter contre le paludisme, réduisant la mortalité liée à la maladie de 50 % sur le continent. Pour cela, ils ont mobilisé des fonds et des outils innovants : nouveaux tests de diagnostic rapide (15 minutes), utilisation de médicaments à base d’artémisinine (ACT) et de moustiquaires imprégnées…

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