Tunisie : à Gafsa, l’introuvable solution à la crise du phosphate

Jadis fleuron de l’industrie tunisienne, la Compagnie des phosphates de Gafsa connaît un déclin qui semble inexorable depuis une dizaine d’années. En cause, des mouvements sociaux récurrents menés par une population locale pour qui l’entreprise représente la seule planche de salut.

Une manifestation dans le centre de la Tunisie, le 17 décembre 2020. © FETHI BELAID/AFP

Une manifestation dans le centre de la Tunisie, le 17 décembre 2020. © FETHI BELAID/AFP

Publié le 22 avril 2021 Lecture : 5 minutes.

9 000 employés, une production de 8,3 millions de tonnes qui représentaient 4 % du Produit intérieur brut (PIB) et 10 % des exportations du pays rangeaient la Tunisie au 5e rang mondial des producteurs de phosphate. Dix ans plus tard, 30 000 employés, une production moyenne de 3 millions de tonnes, une contribution de 2 % au PIB et un recul à la 12e place mondiale en disent plus long que tous les discours sur la dérive de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), fondée en 1897. Derrière les chiffres, la CPG raconte le drame d’une entreprise publique gérée par un État frileux.

Au fil du temps, la « kobania », contraction de compagnie, comme la nomment les natifs du bassin minier, a connu des hauts, des bas et de multiples restructurations. Elle fait toutefois partie intégrante de Gafsa et a joué un rôle structurant dans la région du Sud-Ouest. Sur l’avenue principale de Gafsa (Sud-Ouest), le haut bâtiment qui fait office de siège en impose toujours et fait office de point de ralliement pour les protestataires. Depuis plus de dix ans, les activités de l’entreprise sont régulièrement paralysées du fait de grèves et de mouvements sociaux.

Recrutements locaux

En cause, une redistribution de la manne jugée inéquitable par la population, qui réclame tour à tour plus de recrutements locaux et l’installation d’infrastructures dans une région déshéritée. La bataille prend l’allure d’un conflit entre possédant, soit la CPG, et dépossédés, les locaux. Certains concours de recrutement ont privilégié l’embauche de personnes venues d’autres gouvernorats et la population s’est sentie spoliée de ce qu’elle considère comme un droit. Le 7 janvier, des centaines de manifestants se sont rassemblés autour d’un mot d’ordre : « Le recrutement est une priorité et non pas une faveur ».

Les activités de l’entreprise sont régulièrement paralysées du fait de grèves et de mouvements sociaux

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