Doubler la production d’uranium

Rien ne semble pouvoir faire reculer le groupe français en Afrique, pas même ses déconvenues au Niger, en Centrafrique et au Gabon. Et pour cause : les perspec­tives de son marché n’ont jamais été aussi radieuses.

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

La flambée du prix du pétrole et l’augmentation des contraintes environnementales relancent l’intérêt des producteurs pour l’électricité d’origine nucléaire. Et la perspective de l’exploitation de dizaines de nouvelles centrales dans le monde au cours des vingt prochaines années donne des ailes aux cours de leur « carburant », l’uranium, dont le prix est passé de 10 dollars la livre en 2001 à plus de 100 dollars actuellement (voir infographie). Face à quoi le groupe français Areva, qui est l’un des grands constructeurs de réacteurs dans le monde aux côtés des américains Westinghouse et GE ou de l’allemand Siemens, a aussi décidé de doubler sa production d’un minerai devenu aussi précieux.

5 000 tonnes par an

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La première étape a consisté à s’approprier le site géant d’Imouraren, au Niger. Avec des réserves de plus de 200 000 tonnes, il s’agit de la plus grande mine d’uranium d’Afrique et la deuxième au monde. Après sept mois de négociations tendues avec le gouvernement nigérien, le groupe français pouvait annoncer mi-janvier qu’il avait obtenu l’agrément d’exploiter Imouraren, ce qui demandera des investissements de plus de 1 milliard d’euros, et la création de 1 400 emplois, visant un rendement de 5 000 tonnes par an à l’horizon 2011.
Pour y parvenir, il a fallu accepter les demandes d’augmentation de cession du minerai faites par le gouvernement pour les mines déjà exploitées, qui étaient bien en deçà des cours internationaux en raison d’accords avec la France datant de plus de quarante ans. Le site nigérien s’ajoute aux intérêts dont Areva dispose sur le continent depuis l’acquisition d’UraMin, menée fin 2007 pour 2,5 milliards de dollars.
Elle lui a permis d’accéder aux réserves du groupe canadien en Afrique, notamment en Afrique du Sud, en Namibie et en Centrafrique, dont il a fallu renégocier les conditions d’exploitation. En juin, les négociations avec la Namibie s’achevaient. Au prix d’un investissement de 750 millions de dollars, la mine de Trekkopje, à quelque 300 km à l’ouest de Windhoek, doit devenir le premier site d’extraction d’uranium au monde dès la fin de l’année prochaine. Début août, Areva et les autorités de la République centrafricaine parvenaient également à un accord à propos de la mine de Bakouma (905 km à l’est de Bangui), dont l’exploitation doit débuter en 2010 dans une zone pilote. Un millier d’emplois directs seront créés à l’horizon de 2013.

12 000 tonnes par an

À plus long terme, les responsables d’Areva évoquent un retour au Gabon, que le groupe a quitté en 1999 après l’épuisement de la mine de Mounana (sud-est du pays), exploitée pendant quarante ans. Il faudra d’autres négociations : les élus locaux se mobilisent face à la recrudescence de « maladies sanguines, gynécologiques et dermatologiques » chez les anciens travailleurs de la mine et parmi la population ­locale. D’ici là, les nouveaux projets, avec les sites déjà exploités au Canada et au Kazakhstan, permettront à Areva d’atteindre une production d’uranium de 12 000 tonnes par an d’ici à 2012, le quart du total mondial, contre 6 000 tonnes fin 2007.

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