« De plus en plus vieux et… en bonne santé »

Publié le 12 août 2008 Lecture : 2 minutes.

LE MONDE
Quotidien, France

Songez que la moitié des enfants nés après 2000 deviendront centenaires, et que près de la moitié d’entre eux seront atteints d’une démence irréversible après 85 ans ! Il y a encore un demi-siècle, à 60 ans, on était un vieillard. On mourait relativement jeune et rapidement, d’accidents, d’infections, de maladies cardio-vasculaires. Or il faut se préparer, au XXIe siècle, à mourir plus lentement, beaucoup plus tard, de cancers et de maladies dégénératives atteignant le cerveau. Alors pourquoi ne pas oser le rêve de repousser les effets désastreux du vieillissement ? Je le crois, moi, réalisable.
Oh ! je ne cherche pas à passer un pacte d’éternelle jeunesse avec le diable. Ni à créer des Mathusalem. Encore qu’il ne faille rien exclure. Jusqu’à présent, personne n’a dépassé les 122 ans et quelques mois de Jeanne Calment. Mais il n’y a aucune raison pour que ces 122 ans soient une limite absolue. On observe déjà, grâce aux registres d’état civil tenus très rigoureusement dans les pays nordiques, que, depuis cent cinquante ans, l’âge maximal augmente chaque année, légèrement certes, mais de façon continue. Depuis 1970, il augmente même d’un an tous les dix ans. Il faudrait donc encore quelques siècles pour atteindre les 150 ans, mais ce n’est plus une idée absurde.

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En fait, ce n’est pas tant durer qui compte que bien vieillir. Et ce « bien vieillir » ne concerne pas seulement la médecine. Il pèse sur la société tout entière. Sachez que la dépendance a un coût de l’ordre de 3 000 euros par mois en institution et de 10 000 euros chez soi, alors même que la moyenne des retraites est actuellement de 1 000 euros mensuels !
Sachez encore que parvenir à retarder, ne serait-ce que d’un an, la survenue de la dépendance pour 10 % des victimes de la maladie d’Alzheimer représenterait, en France, 1 milliard d’euros d’économie ! Pour tester chez l’homme nos nouveaux composés neurostéroïdes actifs chez l’animal, mon laboratoire a besoin de 1 million d’euros par an pendant trois ans. Ne croyez-vous pas qu’investir 3 millions pour économiser 1 milliard par an mérite d’être tenté ?
Si nous obtenions ces financements qui nous manquent tant, alors nos rêves seraient confrontés à la réalité. Retarder, contenir la maladie d’Alzheimer est une première étape urgente avant de savoir la guérir. À plus court terme, la pilule corrigeant la diminution de la mémoire avec l’âge est une perspective raisonnable. Pour ma part, je « super rêve » que, demain, le plus grand nombre de personnes vieillissantes puissent profiter des fruits de ces recherches. La vie est un tel cadeau !

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