Alain Madelin

L’ancien ministre français a abandonné la politique. Il préside aujourd’hui le Fonds de solidarité numérique, qui s’investit dans la scolarisation des enfants africains.

Publié le 12 août 2008 Lecture : 3 minutes.

Il pouvait encore prétendre à un poste ministériel. Mais peut-être Alain Madelin ne croyait-il plus en son destin, même après avoir siégé à trois reprises, entre 1986 et 1995, dans les gouvernements Chirac, Balladur et Juppé ? Complètement retiré de la vie politique française depuis 2006, l’ancien président du Parti républicain met désormais ses compétences au service d’un fonds d’investissement appartenant au groupe Triago.
En 2002, candidat à l’élection présidentielle, ce chantre de l’ultralibéralisme n’avait recueilli que 3,91 % des suffrages. « J’ai eu le sentiment de ne plus pouvoir être utile à la politique française », explique-t-il aujourd’hui.
Un sentiment apparemment partagé par les électeurs de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine. En 2002, le député Alain Madelin, élu sans interruption depuis 1978, ne sera reconduit que d’extrême justesse. Et, en 2007, après qu’il aura renoncé à se présenter, c’est son éternel opposant socialiste qui lui succéderaÂÂ Fin d’une histoire, donc. Mais début d’une autre. La passion de l’Afrique. « Là, sur ce continent, je savais que je pouvais encore servir à quelque chose », insiste Madelin.

À vrai dire, cette passion s’est installée au fur et à mesure que croissait le désamour entre l’ancien ministre et les électeurs français. Dès le milieu des années 1990, on croise Madelin un peu partout sur le continent. Aux côtés du Sénégalais Abdoulaye Wade, qu’il rencontre en 1993 et pour qui il mobilise tous ses réseaux lors de la campagne présidentielle de 2000. En Angola, auprès du président José Eduardo dos Santos, bien qu’il ait longtemps soutenu son adversaire, Jonas Savimbi, le défunt chef de l’Unita. Au Togo, c’est Edem Kodjo, tour à tour opposant et Premier ministre, qui a ses faveurs.
Aussi, rien d’étonnant à ce qu’on ait songé à Alain Madelin, en novembre 2007, pour présider le Fonds mondial de solidarité numérique (FSN). C’est en effet le président Wade qui a proposé la création de cette instance internationale, en 2003, à Genève, lors d’un sommet mondial sur la communication. Mis en place officiellement en mars 2005, le FSN entend rassembler les États, les collectivités locales et les représentants du secteur privé dans la lutte contre la fracture numérique.
Tout naturellement, c’est vers l’Afrique qu’Alain Madelin a décidé de porter ses premiers efforts. D’autant que, en mars 2008, sa feuille de route s’est enrichie d’une nouvelle mission. Le président français, Nicolas Sarkozy, lui a demandé de participer à l’ambitieux programme franco-britannique de scolarisation, d’ici à 2010, de 16 millions d’enfants africains.
L’ancien ministre s’est donc mis au travail. Principaux outils : un portail Internet permettant aux enseignants africains de partager leurs expériences pédagogiques, et surtout une mallette qui comprend un vidéoprojecteur, un ordinateur et un tableau blanc faisant office d’écran. Proposé à moins de 1 000 dollars, ce kit doit être diffusé, à titre expérimental, dans une quinzaine de pays africains dès l’année prochaine.
Afin de présenter cette opération, Alain Madelin réunit du 25 au 28 août à Hammamet, en Tunisie, une université d’été qui, espère-t-il, convaincra les gouvernements de s’équiper plus largement : « L’essayer, c’est l’adopter ! », répète cet apôtre du numérique.
Surtout, le président du FSN mise sur le succès de cette manifestation pour obtenir de ses premiers partenaires – dont la Fédération internationale de football (Fifa), qui organise la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud – une contribution financière plus importante. Ce qui ne devrait pas être trop difficile : « Je connais tout le monde », sourit-il malicieusement.

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