Nous avons lu, nous avons aimé

Les membres de la rédaction de J.A.I. ont été invités à citer les livres qu’ils ont préférés en 2002-2003. Les surprises ne sont pas là où on les attendait…

Publié le 6 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Les journalistes ont avec les livres une relation ambiguë, mélange d’admiration et de mépris, de fascination et de jalousie, le tout teinté d’un fort sentiment de culpabilité. Quand on est chaque jour sur la brèche pour couvrir l’actualité, sautant d’un sujet à un autre en fonction des événements ou des commandes – pour ne pas dire des caprices – d’un rédacteur en chef, on a quelque peine à admettre qu’un auteur – souvent d’ailleurs un confrère – puisse se pencher pendant des semaines, voire des mois, sur un sujet par lui choisi.
Les journalistes passent le plus clair de leur temps à lire. Entre les quotidiens, les magazines spécialisés, les dossiers de presse fournis par leur centre de documentation, auxquels est venue s’ajouter ces dernières années la multitude d’informations fournies par Internet, ils sont submergés par les matériaux écrits. On comprend qu’ils aient le plus grand mal à trouver le temps de se plonger dans un bouquin. Juste pour le plaisir.
Face aux livres, le journaliste est aussi taraudé par l’envie. Quel plumitif ne rêve-t-il de voir son nom sur la couverture d’un essai ou d’un document ? Quant au roman, tous les membres de la corporation brûlent d’en ajouter un à leur CV. Il est vrai que le rêve se réalise parfois, et même plus souvent qu’on ne l’imagine. Sur la cinquantaine de personnes qui collaborent à Jeune Afrique/l’intelligent (J.A.I.), une quinzaine (sans compter les participations à des ouvrages collectifs) ont signé des livres, essais ou romans.
Désireux de les prendre en défaut, nous avons demandé à l’ensemble de nos collègues de J.A.I. de nous indiquer leurs trois livres préférés de l’année 2002-2003(*). À notre grande surprise, ils suivent plutôt bien l’actualité littéraire et ont lu autre chose que les documents ou les rapports ayant servi à étayer leurs articles pour l’hebdomadaire.
Le palmarès qui suit brosse un tableau assez significatif du paysage éditorial de l’année écoulée – en France à tout le moins. Il est marqué par l’écrasante domination de La Tache de Philip Roth. Ce roman époustouflant (voir p. 136), qui a figuré, avec Les Corrections de Jonathan Franzen (éd. de L’Olivier), parmi les meilleures ventes en France, a été cité par plus du tiers de nos collègues. Les autres ouvrages retenus se partagent assez également entre essais, études et documents d’une part, ouvrages de fiction (romans pour la plupart), d’autre part. Tous les titres cités sont intéressants. Les lecteurs de ce journal peuvent se lancer, sans crainte d’être déçus, dans la lecture de l’un ou l’autre des ouvrages mentionnés.
Et l’Afrique ? nous demandera-t-on. Elle apparaît comme le parent pauvre de notre sélection. Un certain nombre d’ouvrages concernant le continent africain nous ont probablement échappé, surtout s’ils ont été édités hors de France. Mais nous n’avons pas triché, et telle est la réalité : malgré tout l’intérêt que nous portons à l’Afrique, sa production littéraire souffre mal la comparaison avec celle, par exemple, de l’Amérique latine. Cela a été particulièrement flagrant en 2002-2003. Il est vrai que la plupart des grands auteurs subsahariens n’ont rien publié cette année. Espérons que celle à venir sera plus brillante pour cette région du monde.

* Des ouvrages en français, de fiction ou non, à l’exclusion des Livres de Poche.

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