Le groupe Mabrouk s’empare de Touta

Publié le 8 août 2003 Lecture : 3 minutes.

Inconnu dans le secteur de la distribution il y a encore quatre ans, le groupe Mabrouk est en passe d’en devenir le leader. Après avoir acquis 59 % du capital de la chaîne Monoprix en septembre 1999, le voilà qui récidive avec l’achat de Touta, en août 2003. Dans la foulée, il s’apprête aussi à construire à Tunis son premier hypermarché dans le cadre d’un accord de franchising exclusif, en partenariat avec Casino, le géant français de la distribution.

Mabrouk va d’abord acquérir les 87,89 % du capital de Touta détenus par le groupe Naji. Et le reste du capital, détenu par d’autres membres de la famille Naji, dans une phase ultérieure. Les deux groupes refusent, en revanche, de révéler le montant de la transaction, signalant seulement que le prix devrait être déterminé sur la base de la cotation d’une action Touta sur le marché hors cote à la Bourse de Tunis. Or si l’on considère que le nombre d’actions mises en vente à ce stade est de 369 112 et que le prix proposé en Bourse devrait être proche de 26,8 dinars (18,54 euros) par action, une telle transaction de bloc devrait se situer autour de 10 millions de dinars. Mabrouk devra aussi assumer le paiement des dettes de Touta, dont le montant n’est pas divulgué, mais qui inclut, entre autres, le remboursement d’un emprunt obligataire de 6 millions de dinars contracté en septembre 2002.
Sixième dans le classement des grands de la distribution, Touta dispose de onze points de vente, pour la plupart implantés à Tunis. Ses propriétaires se sont résignés à vendre, après avoir réalisé, trop tard, qu’il aurait fallu moderniser et s’adapter à la concurrence. Ce que les frères Mabrouk (Marwane, Ismaïl et Mohamed Ali) ont compris à temps, tirant profit de deux tendances nouvelles du marché : le boom du secteur de la grande distribution et l’intérêt qu’il suscite auprès des opérateurs étrangers. La libéralisation des services devrait en effet intervenir totalement en 2008, conformément à l’accord d’association liant la Tunisie à l’Union européenne. Malgré un marché étroit de 10 millions d’habitants, le consumérisme s’est considérablement développé, surtout chez les classes aisées. En partie grâce au crédit facile pour l’achat de voitures dites populaires, un ménage sur quatre, dans le Grand Tunis, dispose d’un véhicule, ce qui a facilité l’accès aux grandes surfaces. Et explique le succès fulgurant du premier hypermarché Carrefour ouvert à Tunis en 2000 par le groupe Chaïbi et qui a conquis une part de marché de 20 % en l’espace de trois ans. Cette arrivée a donné un coup de fouet à la concurrence. C’est ainsi que, sous la houlette de son président Mounir Ben Miled, Monoprix a mis en oeuvre une stratégie de repositionnement commercial et visuel qui a fortement amélioré son image. Cette métamorphose s’est répercutée sur son chiffre d’affaires, qui a plus que doublé entre 1998 et 2002 (voir infographie).
L’expansion du groupe Mabrouk va considérablement bouleverser le marché tunisien de la distribution. Avec 6 % à 7 % de parts de marché pour Touta et 20 % à 22 % pour Monoprix, sans compter la part du prochain Casino, le groupe va finir, à court terme, par détrôner Magasin Général, la chaîne à capitaux publics qui domine le marché jusqu’ici.

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Avec ses Monoprix rénovés et le futur Casino, il va aussi grignoter des parts de marché de Carrefour. Surtout que l’ambition du groupe Mabrouk est d’implanter un réseau de centres commerciaux autour d’autres hypermarchés. Pour ce faire, il est entré en partenariat avec le groupe français Apsys, spécialisé en urbanisme commercial et gérant de quatorze centres commerciaux en France et en Pologne. Autant dire que le marché de la distribution sera tiré vers le haut par deux grandes enseignes françaises – Casino et Carrefour – gérées par des partenaires locaux.

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