De Gaulle contre l’Amérique

Publié le 6 août 2003 Lecture : 1 minute.

La conférence de presse du 29 juillet a éclairé le fond du désaccord franco-américain. Les rapports entre l’Europe et les états-Unis, a dit le général de Gaulle, portent encore la marque du temps où les Américains assumaient à la fois la défense militaire de l’Occident, une partie des charges financières de la reconstruction européenne et la responsabilité politique de l’ensemble. Ces rapports, définis comme « hégémoniques », ne correspondent plus aux réalités nouvelles.
Aujourd’hui, le dynamisme économique du Vieux Continent est tel qu’il ne dépend plus des états-Unis ; bien mieux, il tient au bon vouloir de la France et de l’Allemagne que le dollar puisse encore se maintenir et que la crise qui l’atteint ne tourne point au désastre. Dès lors, dans tout conflit venant à surgir entre Washington et les pays européens, ceux-ci disposent d’excellents moyens pour résister aux pressions et obtenir que leurs intérêts soient reconnus et respectés.
Sans doute, a-t-on fait observer à de Gaulle, qu’il était pour le moment seul à se battre en faveur d’une politique d’indépendance de l’Europe. Solitude provisoire, répond-il. Les gouvernements finiront par prendre conscience de la mutation qui s’est opérée et ils se décideront, tôt ou tard, à faire usage de leur liberté d’action. La décolonisation de l’Europe – où si l’on préfère sa « désaméricanisation » – s’inscrira chaque jour un peu plus dans les faits.
L’administration Kennedy ne peut donc entretenir d’illusions sur l’avenir des relations franco-américaines. La France, conduite par le général de Gaulle, ne perdra rien de son intransigeance sur les points essentiels du débat : organisation de l’Alliance atlantique, développement de la force nucléaire française, fonction du Marché commun.

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