Coup de frein de Tel-Aviv

Publié le 8 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Déjà trop laborieusement mise en train, la feuille de route pour la paix au Moyen-Orient reçoit maintenant d’Ariel Sharon un coup de frein qui risque de lui être fatal.

Après avoir, dans un premier temps, annoncé la libération de quelque 340 prisonniers palestiniens – un chiffre dérisoire par rapport aux 6 000 que détient l’État hébreu -, le Premier ministre israélien, voulant faire meilleure figure lors de sa visite à Washington, promit, le 28 juillet, de porter ce chiffre à 540. Et voilà que, le 5 août, il revient en arrière : 339 détenus seulement seront relâchés le lendemain, à cinq « postes de contrôles », 99 autres pouvant éventuellement l’être dans les jours suivants.
Dans le même temps, le ministre de la Défense Shaul Mofaz, arguant d’un attentat près de Bethléem où ont été blessés une mère et ses trois enfants, a exclu toute perspective de retrait de Tsahal de nouvelles localités palestiniennes. Un retrait déjà très compromis par son refus d’évacuer Ramallah.
Du coup, le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas a annulé une nouvelle fois le rendez-vous fixé avec Ariel Sharon. Quel sens y a-t-il à libérer 339 prisonniers, fait-on remarquer à l’Autorité palestinienne, quand, depuis le 29 juin, date du cessez-le-feu, l’armée a arrêté presque autant de Palestiniens qu’elle en libère aujourd’hui, soit exactement 320 ?
En vérité, par-delà l’évidente mauvaise volonté qu’Israël n’a cessé de manifester dans la mise en oeuvre de la feuille de route, on doit se demander si Ariel Sharon ne tente pas de jouer la politique du pire en minant l’autorité de Mahmoud Abbas, voire en provoquant sa chute.

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Le Premier ministre palestinien s’apprête, en effet, à affronter des jours difficiles. Dans quelques jours (la date n’est pas définitivement arrêtée), il doit se présenter devant le Conseil législatif palestinien, faire un compte-rendu de sa visite du 25 juillet à Washington et solliciter un vote de confiance. Or, plus d’un mois après la décision de trêve (hudna), un sentiment assez général chez les Palestiniens est qu’ils ont payé le prix demandé (l’arrêt des attaques terroristes), mais n’ont rien obtenu de substantiel en retour. Certains porte-parole de l’Autorité palestinienne, par exemple un éditorialiste de son journal Al-Hayat al-Jedida, est allé jusqu’à écrire : « Si Abbas ne réussit pas à faire libérer les prisonniers, il n’aura d’autre choix que de se démettre. »

Le Premier ministre doit donc s’attendre à être vivement critiqué par certains membres du Conseil. L’inconnue réside dans l’attitude de Yasser Arafat. Restera-t-il tranquillement assis sans dire un mot pour défendre son Premier ministre, comme il l’a déjà fait à deux reprises lors de précédentes sessions du Conseil ? Dans ce cas, Mahmoud Abbas pourrait bien être mis en minorité. Il reviendrait alors à Arafat de nommer un nouveau Premier ministre, mais ce serait le saut dans l’inconnu.

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