Consensus de bon aloi

Publié le 6 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Peut-être les raisons invoquées ne sont elles pas toutes aussi bonnes que le disent les initiateurs de la réforme constitutionnelle du 29 juillet qui a fait, entre autres, sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Loin s’en faut. La volonté est louable de soulager les finances publiques et de réduire le coût des consultations électorales (15 milliards de F CFA) en organisant d’ores et déjà des scrutins à un seul tour. Mais, dans la course à la magistrature suprême comme à la députation, aux sénatoriales ou aux municipales, les seconds tours ne sont pas légion sous cette latitude. De fait, personne n’est dupe. Ni les partisans du président Omar Bongo ni leurs adversaires. Ceux-ci ont beau rôle de dénoncer le coup de canif porté à une démocratie balbutiante. Ceux-là de conforter la position de leur champion de chef d’État. Les uns et les autres oublient simplement qu’il y a péril en la demeure. Que les clignotants économiques menacent de virer au rouge, le climat social de tourner à l’orage… Pour faire front ? Le consensus autour de Bongo, une sorte d’unanimisme à l’africaine, croient pouvoir dire nombre de ses proches. Certaines des formations de la mouvance présidentielle ont accepté de mettre leur drapeau dans la poche pour se ranger sous la bannière du parti au pouvoir. D’autres, prompts il y a peu de temps à sonner l’hallali du régime, prônent aujourd’hui une « opposition conviviale » version moderne de ce qu’ailleurs en Afrique on appelait hier encore « participation responsable ». Le pluralisme politique en sort passablement écorné ; le pouvoir, lui, avec quelques couleurs.
À supposer qu’il le fût jamais, le président n’est plus inquiet de la guerre de succession engagée prématurément au lendemain de sa réélection, en décembre 1998. Désormais assuré de rester dans son fauteuil aussi longtemps qu’il le souhaitera pour avoir étouffé dans l’oeuf tout syndrome d’Iznogoud au sein de son propre camp, il peut se consacrer davantage à son exercice favori : éteindre les foyers de conflit dans la sous-région et ailleurs sur le continent. Le Congo-Brazza, qui renaît de la guerre civile, c’est lui. Lui encore – dans une moindre mesure -, le retour du calme en RD Congo. Lui toujours, la réconciliation en cours en Centrafrique après le putsch du 15 mars dernier. Lui, enfin, quoique de loin, dans le processus de normalisation en Côte d’Ivoire…

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