Comment réconcilier légitimité et légalité internationales

Publié le 8 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Seules des Nations unies plus fortes et plus crédibles pourront réconcilier la légitimité et la légalité internationales. Ce qui implique de changer la composition du Conseil de sécurité de manière à ce que plus de pays acquièrent le statut de membre permanent. De cette façon, les revendications des États qui se sont longtemps battus pour défendre la prééminence de la souveraineté nationale – une réaction qui s’explique, dans certains cas, par des années d’assujettissement colonial – seront prises en compte, puisque leur statut régional unique sera reconnu. Leur admission au sein de l’élite des membres permanents permettrait de changer la manière dont ils se considèrent et considèrent le monde.

Les nouveaux admis devraient être l’Inde, le Japon, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Union européenne. Chacun mérite un siège, non seulement à cause de son importance régionale, mais aussi en raison de ses politiques actuelles. L’Inde, la plus ancienne démocratie d’Asie, qui prouve que ce concept n’est pas uniquement occidental, accumule les efforts diplomatiques pour dépasser sa rivalité traditionnelle avec la Chine et pour mettre une sourdine à son hostilité récurrente envers le Pakistan. Le Japon, en dépit de sa crise structurelle, devrait être reconnu pour ce qu’il demeure, à savoir un « bon élève » stable et prospère, dont les premiers succès ont permis de poser les fondements du bond économique de l’Asie du Sud-Est. Le Brésil, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, est aux prises avec l’un des plus sérieux défis d’Amérique latine. Quant à l’Afrique du Sud, pays de la réconciliation, elle reste le seul espoir de l’Afrique.

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L’Union européenne est un cas à part. Deux de ses membres, la Grande-Bretagne et la France, sont déjà membres permanents du Conseil de sécurité, et il n’existe aucun signe montrant que l’une ou l’autre serait prête à sacrifier cet élément de prestige national sur l’autel de l’Europe. Londres et Paris seraient les premiers à souligner les divisions profondes entre les membres de l’Union, et ils auraient raison de le faire. Cependant, alors que l’Union s’élargit de quinze à vingt-cinq membres et se définit un nouvel équilibre institutionnel, il n’y aurait pas meilleure reconnaissance de son identité internationale qu’un siège au Conseil de sécurité. Et il n’y aurait pas meilleur moyen pour ses membres de montrer que le concept de souveraineté n’est pas immuable.
Si les Européens, et la France en particulier, considèrent sérieusement la nécessité d’un ordre international multipolaire pour contrebalancer les tendances américaines à l’unilatéralisme, accorder une nouvelle légitimité aux Nations unies est vital. C’est à cette condition que le fossé qui sépare la légitimité de la légalité dans les relations internationales pourra commencer à être comblé.

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