RDC – Léonnie Kandolo : « Tout n’est pas parfait, mais nous sommes en marche vers un État de droit »
Transparence en politique et dans les affaires, justice, rôle de la société civile… Entretien avec Léonnie Kandolo, coordinatrice de la coalition Publiez ce que vous payez en RDC et véritable sentinelle de la République.
Le grand tournant de Tshisekedi
Mise en place de l’Union sacrée, assainissement de l’administration, lutte contre la corruption, rééquilibrages structurels, redéploiement économique… À mi-mandat, le président Félix Tshisekedi a toutes les cartes en main pour accélérer les nombreuses réformes dont le pays a besoin.
Née à Kin, élevée et formée à Bruxelles, Léonnie Kandolo a repris la direction de la grande imprimerie familiale, à Lubumbashi, au milieu des années 1980. Désormais analyste, consultante et activiste, cette sentinelle de la République a plusieurs casquettes et autant de combats. Depuis des années, elle lutte contre les inégalités, pour la parité, l’éducation, l’État de droit, la bonne gouvernance et la transparence, en particulier dans le cadre de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie). Elle mène ces actions au sein de diverses associations de la société civile, dont le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise. Rien n’étant possible sans démocratie, elle s’est investie dans le Comité laïc de coordination (CLC), le collectif catholique à l’origine des marches pour une alternance démocratique en 2017 et 2018, dont elle était la porte-parole. Actuellement secrétaire exécutive de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP) RDC, cette personnalité d’influence, bien connue sur le continent, a été nommée en 2020 membre du groupe des « Femmes d’exception » consultées par le président congolais en matière de parité.
Jeune Afrique : Quel rôle la société civile joue-t-elle dans la lutte pour la transparence dans les industries extractives ?
Léonnie Kandolo : Tout d’abord, il faut souligner que la société civile ne se contente pas de contester. C’est aussi une force de proposition et son action débouche sur des changements importants. Mais très souvent on ne sait pas que c’est à elle qu’on les doit.
Le combat de la société civile a permis la mise en place de l’Itie. Cette structure tripartite (État, entreprises et société civile) joue un rôle essentiel dans la transparence et la crédibilité sur un plan international du secteur minier, qui est le poumon économique de notre pays. Grâce à la coalition PCQVP RDC, certains tabous ont été levés (par exemple sur les contrats et les propriétaires réels des pas-de-porte). La société civile a par ailleurs dénoncé les violations commises récemment par des exploitants miniers, notamment lors de la première vague du Covid-19, les conditions de travail inhumaines dans les mines artisanales et les nombreuses violences que subissent les femmes y travaillant.
Sur quels points du code minier adopté en 2018 la société civile est-elle intervenue ?
Elle a joué un grand rôle pour faire avancer le cadre légal. Les obligations sociétales et environnementales des opérateurs miniers, le reversement direct de certaines taxes aux entités territoriales décentralisées [ETD] dans le code révisé de 2018, ou encore la réservation de l’activité de sous-traitance aux opérateurs nationaux sont à mettre à son actif. Ces combats ne sont pas toujours faciles à mener, car les enjeux et les résistances sont réels. Le secteur minier, qui brasse énormément d’argent, est très politisé et à la base de l’insécurité qui règne dans l’est du pays.
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