Un double message

Publié le 11 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Une chose est sûre, les terroristes ont un sens impeccable du timing. Au lendemain de l’attribution à Londres de l’organisation des jeux Olympiques de 2012 et au moment même où les leaders du G8 se réunissaient à Gleneagles, en Écosse, les bombes qui ont explosé dans la capitale du Royaume-Uni semblaient porter un double message : vous, Britanniques, pouvez vous réjouir de la grande fête que vous organiserez en 2012, mais nous sommes là pour vous rappeler que ce monde est tragique, imprévisible et dangereux. Et vous, à Gleneagles, vous pouvez avoir l’illusion de gouverner le globe, mais nous ne reconnaissons pas votre tutelle.

L’impact du premier message se lisait sur le visage de Tony Blair lorsqu’il fit, à 12 h 00 GMT, sa première déclaration. Tendu, encore sous le choc, amer, il parla de « barbarie ». Le contraste avec le visage radieux qu’il arborait la veille après la décision du Comité olympique ne pouvait être plus tranché. Le Premier ministre savait que, tôt ou tard, il serait tenu par une partie de ses opposants – et aussi par certains de ses partisans – pour partiellement responsable de ce qui s’était passé ce matin-là. La décision de s’aligner sur la position de George Bush dans l’affaire irakienne restera sans doute la plus controversée de sa carrière. Comble de malchance, le président américain avait, deux jours auparavant, déclaré que Blair ne devait pas attendre de sa part le moindre cadeau en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique. Et comme Bush ne tient aucun compte des exhortations de son « ami » Tony en ce qui concerne le règlement du conflit israélo-palestinien – en témoigne le semi-échec de la récente Conférence de Londres, que Sharon se permit le luxe de boycotter en l’absence de pression de la part de Washington -, les Britanniques vont sans doute se demander si le jeu en valait la chandelle. D’autant plus que depuis l’expédition de Suez en 1956, le Foreign Office avait patiemment bâti une image du Royaume-Uni « ami des Arabes ». Tout cela semble aujourd’hui très loin…
Quant au sommet du G8, le message envoyé par les explosions de Londres est encore plus démoralisant. Au moment où les dirigeants des pays les plus riches tentaient de s’acheter une conduite en plaçant l’Afrique et l’écologie au coeur de leurs travaux, les attentats sont venus leur rappeler que le terrorisme reste une menace extrêmement difficile à parer. Après le 11 septembre 2001, l’Irak avait payé les pots cassés, alors qu’il est avéré que Bagdad n’avait rien à voir avec l’attaque menée par al-Qaïda. Qui paiera pour Londres 2005 ? La Syrie ? L’Iran ? Il est peu probable que la communauté internationale accepte de nouveau une manoeuvre de diversion qui ne résoudrait rien. Le désarroi à Gleneagles a dû être palpable. Et ce sont les terroristes, hélas ! qui dictent l’agenda.

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