Poissons volants

Publié le 13 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Qui n’a jamais dissimulé dans ses bagages des objets à déclarer ou des achats illicites ? J’en connais même qui sont rentrés de Bangkok en arborant ostensiblement un faux sac Vuitton ou une Rolex de contrefaçon, en se disant qu’exhiber ce qui devrait être dissimulé était encore la meilleure façon de ne pas se faire pincer par les douaniers. Bof ! se payer une frayeur pour ramener une bagatelle destinée à n’impressionner que ceux qui sont incapables de faire la différence entre un vrai-faux et un vrai-vrai n’a rien d’extraordinaire.
En revanche, trimballer cinquante et un poissons planqués dans ses vêtements, ça c’est un exploit ! Oui, vous avez bien lu, une passagère a voyagé des heures durant avec, sur elle, un banc de poissons aussi frétillants que vous et moi. La fraudeuse, une Australienne de 43 ans qui arrivait de Singapour, est tombée dans les mailles du filet à l’aéroport de Melbourne, où son avion venait d’atterrir. Comment s’est-elle fait harponner ? Au moment où, valises en mains, elle passait devant les douaniers. L’un d’entre eux, à l’ouïe particulièrement fine, ayant entendu d’étranges bruits de clapotements l’a interpellée.
– Madame, avez-vous quelque chose à déclarer ?
– Non rien, répondit-elle.
Le douanier, peu convaincu, lui demanda de faire quelques pas. L’Australienne, qui n’en menait pas large, s’exécuta en clapotant à chaque mouvement.
– C’est quoi, ces bruits liquides ? reprit-il.
– Quels bruits ? s’exclama la pécheresse en le regardant avec des yeux de merlan frit.
– Madame, veuillez soulever votre jupe, ordonna-t-il avec une fermeté toute professionnelle.

La coupable n’eut d’autre solution que d’obéir. Sous sa jupe, large comme la voile d’un trois-mâts, le douanier ébahi découvrit un tablier aux innombrables poches. Dans celles-ci, des petits sachets où cinquante et un poissons tropicaux s’ébattaient en silence.
– Et ça ? hurla le douanier prêt à l’engueuler comme du poisson pourri.
– Ben quoi, vous n’avez jamais vu de kangourou humain ?
– Vous voulez me faire prendre des vessies pour des lanternes ? Je vous ar(r)ête !
Moralité : rien ne sert de dissimuler le menu fretin qu’on rapporte d’ailleurs. Mieux vaut tout déclarer si on ne veut pas être inculpé pour violation des règles douanières. Je joue les moralisatrices, mais, en rentrant du Kenya, j’ai caché une épine de porc-épic sculptée dans mon chignon. Finalement, nous ne sommes tous, à l’image de cette collectionneuse de poissons, que de pauvres pécheurs.

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