Levée de fonds laborieuse pour la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire n’a réussi à mobiliser que 241,7 milliards de F CFA (512 millions de dollars) sur les 250 milliards d’obligations qu’elle souhaitait émettre sur le marché financier régional. Mais l’Etat a rejeté lui-même une partie des souscriptions reçues.

Vue d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire et le siège du gouvernement. © Olivier/JA

Vue d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire et le siège du gouvernement. © Olivier/JA

Publié le 14 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

L’objectif était clair : 250 milliards de F CFA (soit 524 millions de dollars) à mobiliser à partir du 25 février auprès des investisseurs de la région. Mais la levée de fonds lancé par la Côte d’Ivoire sur les marchés de capitaux de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s’est clôturée à 241,7 milliards de F CFA. Au Trésor Public ivoirien, l’heure est à la méditation sur la conduite à tenir au sujet de cette première opération qui pour l’heure n’est pas considérée comme un échec. Note positive : les souscriptions avaient atteint 265 milliards de F CFA, avant que la BCEAO ne rejette environ 23,9 milliards de FCFA de coupons qui ne repondaient pas aux normes.

« Cette levée de fonds a été un franc succès tant au niveau du montant des soumissions enregistrées que de l’intérêt qu’a suscité cette opération auprès des investisseurs des pays membres de l’UEMOA », explique le ministère ivoirien de l’économie et des finances dans un courrier adressé à Jeune Afrique. « L’Etat a décidé de ne retenir que les offres dont les prix étaient supérieurs ou égaux à 9 900 FCFA (prix plancher), soit 241,7 milliards de F CFA. Cette décision résulte de la volonté de notre pays de maîtriser et réduire progressivement le coût de l’endettement, après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE de la Banque Mondiale et du FMI. C’est donc une décision de bonne gouvernance financière et de gestion rationnelle des finances publiques. » 

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Placement

Pour mener à bien cette transaction, le gouvernement ivoirien avait confié des mandats de placement à NSIA Finances (100 milliards de F CFA) et à Bank of Africa (BOA) Côte d’Ivoire, filiale locale du marocain BMCE (150 milliards de F CFA).

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Au final, BOA a réussi à mobiliser 180 milliards de F CFA en 24 heures pour la seule journée du 25 février, profitant notamment de la présence de nombreux investisseurs accompagnant le roi Mohammed VI et présents à Abidjan pour le premier forum ivoiro-marocain. NSIA Finances en revanche n’a pu mobiliser que 61 milliards de F CFA, remplissant moins que les deux tiers de son mandat.

Perplexité

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Le bilan mitigé de cette levée de fonds ne serait pas dû, selon plusieurs analystes, à un manque de confiance envers la signature de l’État ivoirien. Il serait plutôt lié à la perplexité provoquée « par le recours du pays à des conseillers pour une opération aussi banale, d’ordinaire gérée directement entre le Trésor public et la BCEAO », explique un spécialiste du marché financier régional. Un choix surprenant donc… et coûteux : les frais occasionnés par cette opération s’élèvent à près de deux milliards de F CFA.

Sur ce point, le ministère ivoirien indique : « Compte tenu de la taille de l’opération, l’Etat a décidé de mandater deux sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI), pour conduire le processus de placement des titres et garantir le succès de l’opération. En effet, la réglementation communautaire relative au placement des obligations du Trésor offre la latitude aux émetteurs qui le souhaitent de confier le placement de leurs titres à une ou plusieurs SGI. Le recours à des conseillers pour conduire cette levée de fonds est donc une pratique tout à fait conforme aux normes et aux usages communautaires. »

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